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Page:Normand - À tire-d’aile, 1878.djvu/214

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« Cette garde en or fin, où, sous la pierrerie,
« J’ai fait mettre un cheveu de la Vierge Marie,
« Une dent de saint Pierre, et dans un gros rubis,
« Un peu du vêtement du seigneur saint Denis.
« Tu ne tomberas pas entre des mains païennes
« N’est-ce pas, Durandal, toi qui sus dans les miennes
« Conquérir la moitié du monde ; oh ! n’est-ce pas,
« Toi qui sus t’illustrer dans plus de cent combats,
« Tu ne seras jamais, lame pure et sans tache,
« Au bras d’un Sarrasin, d’un félon ou d’un lâche ! »


Sa voix s’éteint, son œil égaré, ne voit plus.

Il va mourir ; ses bras battent l’air, éperdus…
Sur l’herbe, de son sang loyal toute trempée,
Côte à côte, il a mis son cor et son épée,
Puis il s’étend dessus, par ce dernier effort
Voulant les protéger au delà de la mort.
Du côté de l’Espagne il tourne son visage
Afin que Charlemagne et tout son vasselage,
Et tous les chevaliers, de tout nom, de tout rang,
Disent en le voyant qu’il est mort conquérant.