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Page:Notice historique sur les ouvrages et la vie de Cuvier.djvu/106

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Une dernière édition du Règne animal, comprenant les caractères et la synonymie de toutes les espèces connues, aurait fixé pour long-temps la zoologie sur des bases solides ; tandis que l’absence du législateur, du régulateur de la science, va la livrer de nouveau à l’anarchie. Cette belle science de la nature, qu’on nous pardonne cette crainte, sera de plus en plus surchargée de noms, de divisions, de méthodes diverses, et peut-être la verrons-nous rentrer dans le chaos dont M. Cuvier l’avait fait sortir par ses constans efforts, par ses immenses travaux, comme par l’élévation de ses vues et la justesse des rapports saisis par son génie (t).

Il aurait toujours eu la principale part à cette belle et très-importante entreprise de l’Histoire naturelle des poissons, ouvrage parfait, qui servira dorénavant de modèle pour tous les travaux du même genre et qu’il pouvait achever, en peu d’années, avec la coopération si utile de M. Valenciennes.

Les nombreux matériaux rassemblés avec tant de persévérance depuis près de trente ans dans le Musée d’anatomie comparée, pour le grand ouvrage dont le plan ne sortait pas de la pensée de M. Cuvier, et dont l’exécution était presque le dernier but de sa vie, auraient été mis en œuvre par lui et par des collaborateurs de son choix, pénétrés de son esprit d’observation pour bien voir, dirigés dans les raisonnemens par sa logique sévère, inspirés dans les vues générales par ce véritable génie de la science.

Enfin il aurait couronné ses travaux par cette Histoire des sciences physiques, sujet de ses cours au collége de France et qu’il y traitait avec une supériorité de vue, une clarté dans l’exposition, une impartialité