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Page:Notice historique sur les ouvrages et la vie de Cuvier.djvu/31

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renferment pas un mot inutile, et qui ne comprennent que les caractères distinctifs les plus saillans, les plus faciles à saisir.

Les rapports des animaux y sont justement appréciés dans des groupes gradués qui indiquent la valeur de ces rapports. À la vérité, cette perfection dans l’arrangement méthodique, qui se rapproche autant que possible de la nature, est plutôt faite pour le maître qui a l’habitude d’en être l’interprète, que pour l’élève qui commence à en étudier les merveilles. D’ailleurs M. Cuvier ne voulait pas qu’on attachât à l’arrangement systématique et surtout aux classifications de détail plus de valeur qu’ils n’en méritent. Voici à cet égard les principes lumineux qu’il a publiés en 1828, après trente-deux ans d’expérience et de méditations sur cet important sujet.[1]

« Que l’on n’imagine donc point que, parce que nous placerons un genre ou une famille avant une autre, nous les considérons précisément comme plus parfaits, comme supérieurs à cette autre dans le système des êtres. Celui-là seulement pourrait avoir cette prétention, qui poursuivrait le projet chimérique de ranger les êtres sur une seule ligne, et c’est un projet auquel nous avons depuis long-temps renoncé. Plus nous avons fait de progrès dans l’étude de la nature, plus nous nous sommes convaincus que cette idée est l’une des plus fausses que l’on ait jamais eue en histoire naturelle, plus nous avons reconnu qu’il est nécessaire de considérer chaque être, chaque groupe d’êtres en lui-même, et dans le rôle qu’il joue par ses propriétés et son organisa-


  1. Hist. nat. des Poissons, tom. I, pag. 568 et 569.