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Page:Notice historique sur les ouvrages et la vie de Cuvier.djvu/32

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tion, de ne faire abstraction d’aucun de ses rapports, d’aucun des liens qui le rattachent soit aux êtres les plus voisins, soit à ceux qui en sont plus éloignés.

« Une fois placé dans ce point de vue, les difficultés s’évanouissent, tout s’arrange comme de soi-même pour le naturaliste. Nos méthodes systématiques n’envisagent que les rapports les plus prochains ; elles ne veulent placer un être qu’entre deux autres, et elles se trouvent sans cesse en défaut. La véritable méthode voit chaque être au milieu de tous les autres ; elle montre toutes les irradiations par lesquelles il s’enchaîne plus ou moins étroitement dans cet immense réseau qui constitue la nature organisée, et c’est elle seulement qui nous donne de cette nature des idées grandes, vraies et dignes d’elle et de son auteur ; mais dix et vingt rayons souvent ne suffiraient pas pour exprimer ces innombrables rapports. »

Ces lignes admirables font connaître les dernières vues du législateur de la science, sur la règle qu’on doit suivre dans l’appréciation des méthodes de classification ou dans leur établissement.

Ajoutons, enfin, que jusqu’à M. Cuvier la langue élémentaire de l’histoire naturelle était le latin, et qu’avant lui aucun ouvrage, surtout en français, n’en contenait les élémens d’une manière complète ; c’est lui qui, le premier, a rendu la science vulgaire, en publiant dans cette langue des modèles parfaits de son emploi, pour indiquer d’une manière élégante, quoique très-concise, les caractères distinctifs des animaux.

Nous venons de voir notre grand naturaliste constituer l’anatomie comparée dès le début de son enseignement, et poser les principes de la méthode naturelle appliquée