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Page:Nouvelles de Batacchi, (édition Liseux) 1880-1882.djvu/277

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À CHEVAL


Si la vieille demeura confuse et interdite,
Il est bien facile de le comprendre.
Elle tourna les talons en toute hâte,
Ne se le faisant pas dire deux fois,
Et au moine, qui l’avait attendue dehors,
Elle rapporta ce message si cruel et barbare.

Comme un paysan qui au marché voisin
À résolu de vendre son bœuf bien gras,
Et qui, entrant le matin à l’écurie,
Voit ses espérances détruites,
Parce qu’un larron, plus prompt et plus habile que lui,
À emmené la bête avec le licou :

Ainsi resta déconcerté frère Marco ; cependant
À ce rude coup il ne perdit ni espoir ni courage ;
D’envoyer messages à la dame il ne se retint,
Et il lui sembla obtenir quelque avantage
En apprenant qu’elle ne se mettait plus en colère
Et qu’elle les écoutait, le visage calme et serein.

Son espoir augmenta, et vingt fois
Par jour au moins il sortait du couvent ;
Avec mille tours et mille détours
Il allait et venait dans la rue
Et, passant devant le palais de sa bien-aimée,
Il gesticulait et bavardait comme un fou.

Il lui envoyait un million de coups de chapeau
Quand il la voyait à sa fenêtre,
Tout en lui dardant certaines œillades
Perçantes comme des coups d’arbalète,
Et, quand il était loin déjà,
Il se retournait et lui adressait de la main un baiser.

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