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Page:Nuitter et Tréfeu - La Princesse de Trébizonde, 1870.djvu/26

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SPARADRAP.

Mais c’est vous qui me faites des taches.

PAOLA.

Soyez calme ! ce savon à dégraisser est infaillible ; il est adopté déjà dans l’armée pour tous les détachements… militaires. Voilà le col de votre habit qui est d’un gras inqualifiable : eh bien ! j’ai deux manières de vous le détacher, de vous le rafraîchir : ou je frotte légèrement comme ceci, et tac, tac, tac, tac, du bout du doigt, c’est enlevé en un clin d’œil ; il faisait peur !… à présent, il est frais… c’est absolument la même chose, avec ou sans calembour ! On ne paye qu’en sortant !

SPARADRAP.

Sapristi ! me voilà propre ! Mais, madame, je n’ai pas de temps à perdre… quand on est comme moi chargé d’une mission de confiance par un prince !

PAOLA.

Un prince !

SPARADRAP.

Un prince que je dois aider dans l’accomplissement de ses devoirs de père…

PAOLA, à part.

Un père si c’était le mien ! flattons cet inconnu pour tout savoir. (Haut. Retenant de nouveau Saparadrap qui veut s’en aller.) Ah ! monsieur, sur toutes les places où je me suis présentée, j’ai vu bien des hommes ! mais bien peu qui eussent l’air aussi intelligent que vous. Un prince ne pouvait choisir mieux que vous pour une mission qui doit être importante.

SPARADRAP, flatté.

Importante et mystérieuse… Chut !… Il s’agit de veiller sur son enfant.

PAOLA.

Un enfant !… l’enfant d’un prince ! quel éclair ! Et voilà longtemps que vous êtes chargé…

SPARADRAP.

Depuis des années. Ah ! que de soucis ! que d’émotions… Tenez, tout à l’heure encore, il n’y a pas dix minutes, j’étais dans une inquiétude !

PAOLA.

Pourquoi ça ?

SPARADRAP.

J’avais perdu ses traces.

PAOLA.

Ah ! Et vous les avez retrouvées ?