Aller au contenu

Page:Nuitter et Tréfeu - La Princesse de Trébizonde, 1870.djvu/83

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
TREMOLINI.

Je viens de lui demander ta main pour la 29e fois.

RÉGINA.

Après ?

TRÉMOLINI.

Sais-tu ce qu’il m’a répondu ?

RÉGINA.

Non !

TRÉMOLINI.

Il m’a dit zut !

RÉGINA.

Ô surprise ! – Je m’y attendais !

TRÉMOLINI.

Ça ne t’étonne pas plus que ça !… Mais il m’avait promis !…

RÉGINA.

Tu comptais là-dessus, toi !

TRÉMOLINI.

Dame !…

RÉGINA.

Tu as donc gardé dans la vie privée la naïveté professionnelle du jocrisse !

TRÉMOLINI.

Encore un coup de pied dans mes illusions !…

RÉGINA.

Tu as l’habitude d’en recevoir. Oh ! mon Dieu ! on te fera aller comme un toton.

TRÉMOLINI.

Régina ! vos paroles sont bien sévères !… ah ! elles sont bien sévères vos paroles !

RÉGINA.

Et que veux-tu que je te dise ! Est-ce que c’est ma faute ! Depuis six mois tu n’es pas plus avancé qu’au premier jour.

TRÉMOLINI.

C’est vrai ça ! on nous dit oui… et puis, on nous dit non !…

RÉGINA.

Et nous, pauvres âmes meurtries, nous restons le bec dans l’eau !

TRÉMOLINI.

Oh ! ne me désole pas ! Régina ! tu sais que je t’aime.

RÉGINA.

Oh ! non ! non ! tu ne m’aimes pas !… moi ! je t’ai toujours aimé ! tu fus pitre, et pitre, je t’aimais ! Tu fus intendant ! et intendant, je t’aimais encore ! Tu serais prince et millionnaire que je t’aimerais toujours ! Oh ! que je t’aime !…

TRÉMOLINI.

Oh ! redis ! redis ces mots si doux !