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Page:Oraison funèbre de très haute et puissante Dame, Madame Justine Pâris, 1884.djvu/34

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On y mit un gardien, qui ne l’ouvrait que par billet du président de la Tournelle ; mais comme celui-ci était un homme aimable, il donnait volontiers permission de voir cet horrible temple de luxure. Beaucoup d’honnêtes gens qui n’auraient osé entrer auparavant, profitèrent de l’occasion, et parmi ceux qui y avaient été, tels que moi, il en est quantité qui n’en ayant connu que les Nymphes, en visitèrent ensuite les appartements secrets, où il ne s’admettaient que ceux auxquels ils pouvaient être utiles.

J’ai trouvé ce lieu digne de t’être décrit en certaines parties, frère Eustache, par les recherches et les ressources du libertinage qu’on y trouvait.

Je ne te parlerai point du Sérail. Le mot seul caractérise cette salle d’assemblée, commune à toutes les maisons de cette espèce. On y rencontre toujours ce qu’on appelle plastrons de corps-de-garde, c’est-à-dire, une douzaine de filles perdues, gangrénées, vérolées jusqu’à la moëlle des os, et dont le cœur et l’esprit encore plus corrompus, les rendaient propres à recevoir cette multitude effrénée de jeunes militaires oisifs, débauchés, sans argent, qui s’établissaient-là comme en garnison, et que la police, pour éviter de plus grands désordres, oblige les Abbesses de recueillir.

Juge, frère Eustache, que d’ordures doivent se débiter dans un pareil cercle ! Que d’horreurs et d’infâmies doivent s’y commettre ! Ce sont cependant souvent de très jolies créatures, condamnées à passer ainsi la fleur de leurs ans dans ces abominables exercices.

Je passe à la piscine.