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Page:Oraison funèbre de très haute et puissante Dame, Madame Justine Pâris, 1884.djvu/35

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C’était un cabinet de bain, où l’on introduisait les filles qu’on recrutait sans cesse pour la petite comtesse dans les provinces, dans les campagnes et chez le peuple de Paris.

Avant de produire un pareil sujet à un amateur, qui eut reculé d’effroi s’il l’eut vu sortant de son village ou de son taudis, on la décrassait en ce lieu, on lui adoucissait la peau, ou la blanchissait, on la parfumait ; en un mot, on y maquignonnait une cendrillon, comme on prépare un superbe cheval.

Je vis ensuite une armoire, où étaient les différentes essences, liqueurs et eaux à l’usage des Demoiselles.

Je remarquai l’eau de pucelle ; c’est un fort astringent avec lequel l’infâme Maqua réparait les beautés un peu délabrées, et rendait ce qu’une jeune fille ne peut perdre qu’une fois.

À côté de l’eau de pucelle, était l’essence à l’usage des monstres ; c’en était une dont on faisait rarement l’emploi ; cependant on a prétendu que l’exécrable appareilleuse en faisait quelquefois l’application sur de petites novices, dont elle hâtait ainsi la maturité en faveur des personnages du plus haut rang, dont la paillardise avait besoin d’être excitée par la fraîcheur, l’élasticité, l’ingénuité de l’enfance, mais chez qui la vigueur ne répondait pas aux désirs.

En revanche, il était une liqueur dont il se faisait une grande consommation. On voyait nombre de flacons du spécifique du Docteur Guilbert de Préval.

Ce scientifique fourré prétendait qu’il était à la fois indicatif, curatif et préservatif de la vérole, des chaudepisses, chancres, poulains, etc.

La Maqua Gourdan, l’une des plus intelligentes Ma-