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Page:Otlet - Traité de documentation, 1934.djvu/208

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DOCUMENTS GRAPHIQUES

pour les spectateurs ; une seule pose photographique pour chacune des images successives constituant le film ; un système de projection unique. M. Yves a cherché à distribuer les vues différentes sur l’image elle-même. (Parallax stereogramme.)

i) Photographie automatique. — L’administration hollandaise des téléphones, section d’Amsterdam, a mis en fonctionnement un système remarquable de comptabilité photographique pour ses 30,000 abonnés. Tous les postes reliés par fils ont leur compteur disposé côte à côte, par groupe de 100, dans une grande salle. Chaque mois un appareil photographique automatique placé sur rail et balayant tous les compteurs un à un de ses foyers lumineux, enregistre microscopiquement sur film continu les consommations du mois. Dans une salle annexe fonctionne en plusieurs exemplaires l’appareil à établir les factures des abonnés. Le film du mois est projeté, agrandi sur un verre mat, avec parallèlement le film du mois précédent. Une dactylographe transcrit à la machine sur papier les chiffres des deux mois placés en regard : le jeu de machines à calculer branché sur la machine à écrire, opère automatiquement le décompte : nombres index du mois courant, nombre index du mois précédent, × prix au kilowatt. Le contrôle est opéré par une seconde machine qui transcrit le nombre dans l’ordre inverse de la première ; les erreurs ne sont donc à rechercher que dans les limites de deux totaux discordants. Cette méthode a mis fin aux contestations. Toute la comptabilité de deux ans résumée en (30,000 abonnés × 24 mois = 720,000 x 2 nombres = 1,440,000 nombres) n’occupe dans les archives que le cinquième d’un mètre cube.

j) La photographie intégrale. — L’appareil visuel des insectes est formé d’un très grand nombre d’yeux extrêmement petits, ayant chacun une cornée, un cristallin et une rétine. Il y en a 25,000 et plus chez certaines espèces et il est vraisemblable que toutes ces images partielles formées sur l’ensemble des rétines donnent un relief fortement accusé. De plus cette disposition doit permettre aussi la variation du champ de vision suivant le déplacement de l’animal et des objets différents peuvent ainsi lui apparaître successivement. Gabriel Lippmann, en 1908, s’est demandé s’il serait possible de réaliser un système de photographie intégrale permettant de rendre toute la variété qu’offre la vue directe des objets et il a indiqué les principes d’une solution de ce problème difficile. Rappelant l’œil composé des insectes, il est formé une image qui nous « représente le monde extérieur s’encadrant en apparence entre les bords de l’épreuve comme si ces bords étaient ceux d’une fenêtre ouverte sur la réalité ». En 1921, Estanave (Marseille) a utilisé pour remplir le rôle de plaque gaufrée ces minuscules loupes qui s’incrustent dans certains porte-plumes d’enfants (loupes Stanhope). Il a réalisé ainsi, en réunissant 1,160 de ces loupes en un bloc rigide, des photographies d’objets très brillants répondant aux conditions de la Théorie Lippmann. Beaucoup reste à faire, mais la photographie intégrale est possible,

8. Organisation.

a) La photographie a donné lieu à diverses mesures d’organisation et divers organismes caractéristiques. La photographie relève de la documentation. L’ensemble des photographies existantes constitue l’image photographique du monde. Il y a lieu d’organiser et d’inclure l’organisation de la photographie dans l’organisation générale de la documentation. En 1906 s’est tenu à Marseille le Congrès International de Photographie documentaire. L’Institut International de Bibliographie et sa section de Photographie documentaire y ont présenté un premier ensemble systématique des règles concernant l’organisation, le classement, la collaboration. (Voir les Actes de ce Congrès et Bulletin de l’Institut International de Bibliographie et Annuaire de la Vie Internationale, p. 2434.) Ce premier ensemble amplifié, précisé et mis en rapport avec la documentation générale, a été traité à nouveau dans le Code des Règles pour l’Organisation de la Bibliographie et de la Documentation qui ont été présentés successivement à la Conférence Bibliographique internationale de 1910 (voir Actes) et au Congres International des Associations Internationales (1910, actes p. 168). La photographie documentaire et l’Iconographie générale sont traitées ensemble dans le chapitre VI de ces codes. Voir publication n° 119. Code de l’I. I. B. pour l’organisation internationale de la Photographie.

b) Il s’est formé des organes propres à la photographie, des centres de production et d’édition. Certaines grandes maisons ont une place considérable, par ex. : Braun, Boissonnas et Alinari, les artistes de la photographie.

c) On a créé dans certains musées des collections importantes relatives à la science et à la technique de la photographie (par ex. : à Munich, à Paris, etc.).

d) Des agences photographiques procurent aux journaux les vues des faits du jour. Des abonnements règlent les modalités d’utilisation et de payement.

9. Reproduction des documents existants. Photocopie.

a) La photographie est venu apporter le moyen sûr et économique de reproduire des documents anciens. En premier lieu il s’agit des manuscrits. Les congrès internationaux du Livre, des Bibliothèques, de la Bibliographie, sont revenus à maintes reprises sur ce sujet. En 1898 et 1905, il s’est même tenu un Congrès international pour la reproduction des manuscrits. Plus récemment, la Commission de Coopération Intellectuelle de la Société des Nations a abordé la question. Dans les assemblées scientifiques, on a demandé la publication des fiches phototypiques représentant les types originaux des espèces décrites par les anciens auteurs (mémoires de Leval et E. Joubin). D’une manière générale, des mesures doivent