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Page:Otlet - Traité de documentation, 1934.djvu/209

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LE LIVRE ET LE DOCUMENT

être prises pour la reproduction immédiate en photographie des documents uniques ou rares dans tous les domaines.

Les procédés photographiques de reproduction ont été employés récemment pour reproduire les « Histoires des vingt-quatre dynasties » de 1195, l’Édition « PENA » qui doit comprendre 800 volumes avec environ 130 mille pages. C’est l’histoire de cinq millénaires de la civilisation chinoise. Les œuvres originales sont datées depuis 1034 A. J. C. Par la photographie, on a pu en réduire le format original. L’œuvre montre la belle avance qu’avait la Chine dans les procédés des planches de lettres gravées qui précéda la typographie proprement dite.

b) Avec le nombre, la dispersion et les prix croissants des livres, des journaux et des revues techniques, il n’est plus guère possible au particulier d’en acquérir régulièrement, les plus importants même.

L’achat au numéro des périodiques contenant les articles que renseignent les fiches est certes une solution déjà moins onéreuse. Toutefois, elle oblige les lecteurs à une correspondance compliquée et les éditeurs à conserver, pour les dépareiller ensuite, des collections complètes. Comme le nombre des exemplaires en stock est forcément limité, et que les numéros s’épuisent d’une manière inégale, les éditeurs sont souvent dans l’impossibilité de pourvoir à la demande. La consultation de Bibliothèques est toujours possible mais il faut aussi que les articles puissent être joints aux dossiers d’études. La solution est dans la Photocopie des articles selon les méthodes de la photographie normale ou de la photographie microscopique.

c) Il y a les perfectionnements des procédés de reproduction à grandeur, notamment : La Schwartz-Weiss, photographie réelle du Noir Blanc, le Photostat, le Comtophote, etc.[1]

Le « Recordac » est un appareil, créé par la Firme Kodak, permettant aux banques la photographie microscopique automatique des chèques, de manière à permettre leur retour en original aux signataires. Sur un film de 16 mm. de large et 200 pieds de long, on peut photographier 16,000 chèques. Une bobine de 3 ¾ × 3 ¾ × 3 ¾ de pouces contient 8,000 chèques. On applique aussi le procédé à la copie photographique des pièces de caisses de toute espèce en vue d’éviter l’encombrement.

242.38 La projection.

1. Notion.

a) Le jour où quelqu’un projeta la photo, exhumant l’antique lanterne magique, certes il ne savait pas tout juste ce vers quoi de grand il nous mettait en route. Il posait deux nouveaux principes : la surface occupée seulement pendant les secondes où elle est utile et rendue immédiatement après pour d’autres fins ; d’autre part la possibilité de pouvoir agrandir ou réduire l’objet à volonté. C’est toute la projection.

L’évolution de la projection a été marquée par les étapes suivantes : 1° elle a commencé avec la vieille lanterne magique ; 2° elle a pris plus tard la forme de diapositives sur verre ; 3° puis sur clichés, celluloïdes et même papiers ; 4° le mouvement par le livre microphotique (Photoscope, Cinéscope) a donné lieu aux vues sur pellicules, format film, en bobine d’abord, puis séparable en images distinctes ; 5° le développement de la projection actuel.

b) La projection est la reproduction et l’agrandissement à distance d’un objet ou d’une image. Elle est de trois espèces : 1° projection de diapositives (verre ou colophane) ; 2° projection de corps opaques (Epidoscope) ; 3° projection aux rayons Rœntgen. Elle se réalise de près ou de loin, avec ou sans fil. La reproduction s’opère soit sur un écran, soit sur papier photographique, où se fixe l’image. La projection agrandie sur écran fait naître un document virtuel qui s’évanouit bientôt, n’accaparant ni immobilisant aucun support, n’occupant l’espace qu’au moment utile et disparaissant ainsi pour faire place à une autre projection.

c) Une classification générale de la projection donne les divisions suivantes : a) fixe ou animée ; b) en noir ou en couleur ; c) d’objets translucides ou opaques (diascopique ou épiscopique) ; d) de grandes dimensions ou microscopique ; e) sans relief ou avec relief ; f) sur écran ou en panorama ; g) sans parole ni musique, avec parole et musique ; h) avec fil ou sans fil ; i) dans l’obscurité ou en pleine lumière. Les divers appareils et procédés existants relèvent de ces caractéristiques : lanterne magique, cinéma, photoscope, cinéscope, films partants, films sonores.

2. Le livre microscopique ou microphotographique. Le livre projeté.

a) Nous avons proposé, dès 1906, avec Robert Goldschmidt[2], de donner au livre ou aux documents en général une forme nouvelle : celle de volumen en miniature obtenus comme suit : chaque page, élément ou combinaison de pages est photographiée directement sur une pellicule ou film du format cinématographique universel. Les images ainsi obtenues se présentent successivement, étant juxtaposées côte à côte sur la bande filmée et dans les dimensions réduites de 18 × 24 mm.

  1. Hanauer : Minerva Zeitschrift B. D. V. — Ernst Walser (Basel) : Centralblatt für Bibliothekwesen 1928, p. 417.
  2. Bulletin de l’Institut International de Bibliographie, 1906. — R. Goldschmidt et Paul Otlet : La Conservation et la Diffusion de la Pensée. Le Livre microphotique. Publication n° 144 de l’Ι. I. B. — L’idée depuis a fait son chemin et le procédé tend à devenir universel.