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Page:Otlet - Traité de documentation, 1934.djvu/242

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SUBSTITUTS DU LIVRE

et 1,700 personnes doivent pouvoir respirer dans des studios dépourvus de fenêtres. L’établissement sert à la transmission aux « Stations national » et « London régional », aux intercontinentales, et bientôt aux transmissions à l’« Imperial Broadcasting ». On prévoit que prochainement la télévision sera intégrée définitivement dans les émissions régulières.

Ainsi quelques années après l’étonnante invention de la radio a été réalisée une centrale, une surcentrale qu’attend encore le livre, vieux de millénaires, malgré ce qui a été réalisé dans les bibliothèques.

243.43 Diffusion. Distribution.

Toute une organisation a été rendue nécessaire pour permettre au public d’utiliser en grand le radio. Les systèmes sont différents de pays à pays. Voici quelques données à ce sujet.

a) Aux États-Unis, l’invention nouvelle s’est vu consacré par D. Rockefeller, la Cité du Radio, édifiée au centre de New-York. Certaines universités américaines possèdent une station de radio. Ex. The State University of Iowa (Wsui), On a constaté en ces derniers temps la demande croissante de la part du public de programmes d’informations. Les sans-filistes ne font plus de distinction entre ce qui est éducatif et récréatif ; les deux sont fréquemment synonymes. On désire les deux combinés en un. La « Columbia Broadcasting System » a décidé de limiter à six minutes par heure les conversations d’ordre publicitaire.[1]

On a contraint les auditeurs à se déclarer et l’on a fini par avoir raison des pirates de l’éther. Le succès de retransmission a été tel que les Associations des Universités en Amérique, voyant diminuer la fréquentation des terrains de football pour les matches à jouer par les équipes d’étudiants, y a interdit le microphone.

b) La radio belge, INR, en 1932. a eu 6,582 heures d’émission avec une consommation de 1,100,000 kw. Elle a utilisé 30 relais internationaux. Le nombre d’heures des émissions scolaires a été de 65.20, celles des émissions colombophiles de 28 h. 40. Le p. c. du temps réservé aux conférences, causeries, lectures a été de 8.58 %, Journal parlé 313 heures, reportages parlés 161, interviews 70, conférences 319, chronique 402, jeux radiophoniques et sketches 93, sujets divers 250.

c) En Grande-Bretagne le nombre des auditeurs marche vers les 5 millions. Au Congrès Eucharistique de Dublin en 1932, on disposa 400 puissants hauts-parleurs électro-dynamiques pour rendre audibles à l’immense multitude, sur un parcours de 25 kilomètres, toutes les cérémonies et tous les discours.

d) En Allemagne il y a 4 millions de sans-filistes. En 1932, il a paru dans ce pays 6,465 livres ou articles de revues concernant des questions de radio-diffusion, dont 67 % s’occupaient de technique.

e) En Hollande fonctionnent quatre grandes fédérations régionales. Elles ont des programmes fort étendus, comprenant des cours. Un magazine annonce ceux-ci et publie documents graphiques utiles aux exposés oraux. Ces fédérations comprennent de nombreux membres volontaires et sont, certaines, très riches par suite de ces cotisations, « Nous profitons, donc nous payons, ne voulant pas être des parasites », tel est leur esprit.

243.44 Applications.

Les applications de la T. S. F. sont devenues nombreuses et variées. Le Journal radiodiffusé est une réalité. Le théâtre aussi (radiodrame). La T. S. F. a été installée à bord des navires, des trains et des avions. On a diffusé en Suède des cultes matinaux pour lest malades, les infirmes, les écoliers. La Tour Eiffel donne l’heure mondiale. Par la retransmission, le microphone d’une station peut se promener dans tous les centres d’intérêts de la région. Le radio-reportage se rend dans les usines, dans les mines, dans les chantiers, dans les réunions, dans les lieux témoins de phénomènes naturels. On a organisé déjà, à l’intermédiaire du radio, des débats entre membres des sociétés scientifiques de New-York et de Londres, à 5,000 kilomètres de distance. La description de la bataille du Jehol a été radiodiffusée par des avions munis de microphones survolant le champ de bataille. La cavalerie américaine a été pourvue d’appareils radiophoniques.

On a étudié aux États-Unis la fondation d’une Université par T. S. F.

Les laboratoires scientifiques de l’Université de New-York ont diffusé un son étrange, vibrant, assez pareil à la note d’un violoncelle. C’était la transformation en onde sonore d’un rayon lumineux de la planète Vénus capté par un puissant télescope et dirigé sur une cellule photo-électrique.

Les vertus publicitaires de la radio la font rechercher au détriment du journal. L’abus de la réclame dans les radios en détériore le caractère. On a monté le radio aux États-Unis sur la base commerciale de la publicité. Des voix s’y sont élevées contre ce fait. La Grande-Bretagne, le Canada, la France et d’autres pays ont établi toute une organisation spéciale pour les émissions de radio. Le contrôle de l’État existe et les buts éducatifs sont affirmés.

Dans une publication, les yeux peuvent écarter les annonces qu’on ne veut lire. Au radio, on doit toutes les entendre.[2]

  1. M. Mally, Président de la Columbia, dans son message de Noël 1932.
  2. Radio Broadcasting by the American plan. Tracy F. Tyles 1933.