Aller au contenu

Page:Otlet - Traité de documentation, 1934.djvu/243

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
236
243
LE LIVRE ET LE DOCUMENT


243.45 Radiophonie scolaire.

a) Des dispositions spéciales ont été prises pour organiser la radiophonie scolaire. Celle-ci a rapidement progressé aux États-Unis, en Angleterre, en Roumanie, en Allemagne, en Hollande, en Autriche, en Russie, au Mexique, etc. Il ne s’agit pas de substituer le radio au professeur, mais d’aider celui-ci à varier et à compléter son enseignement. Elle doit être complétée par tous les moyens intuitifs possibles (matériel didactique, cartes, projections fixes, textes écrits au tableau noir, etc.). Ce n’est pas un passe-temps, un délassement, mais une leçon ordinaire pour laquelle les élèves doivent être prêts au travail.

b) Les divers modes de présentation de l’enseignement par radio sont : les leçons ordinaires, les conférences, les causeries, les dialogues, la présentation dramatique, le mode narratif, les reportages éducatifs.

L’Institut International de Coopération Intellectuelle a publié un rapport sur la Radio-diffusion scolaire (1932).

c) On a protesté en Amérique contre le fait que l’éducation par radio serait aux mains de comités désignés par des particuliers et travaillant avec les fonds de fondations privées agissant de concert avec les grandes compagnies commerciales. On veut sauvegarder le microphone à l’égard de ceux qui voudraient s’en servir pour leurs propres intérêts et endoctriner les citoyens.[1]

d) Les organismes radiophoniques de l’enseignement se sont constitués. Ils ont inscrit à leur programme : Obtenir des grands postes émetteurs la diffusion régulière des programmes destinés à tous les degrés de l’enseignement. Faire que le statut de la radiodiffusion soit d’un esprit démocratique assurant à la Nation elle-même la gestion des postes d’émission.

243.46 Le radio et la documentation.

a) La radiodiffusion est constituée par essence de sons libres et non encore sur documents. On rejoindra la documentation de deux manières : 1° À l’émission. Des documents peuvent servir de base, soit des disques qui sont radiodiffusés, soit des bandes perforées qui mettent en mouvement, dans l’ordre inscrit par les perforations, les mécanismes appelant les sons, paroles, musique, signaux, bruits. 2° À la réception. On a déjà opéré certain enregistrement ou réenregistrement sur disques.

b) Il s’esquisse toute une technique du parler par radio. À la base est un document écrit qui doit être fort net et porter, telle une partition, des signes conventionnels pour assurer les pauses, les accentuations. On préconise à la vitesse de 130 à 160 mots à la minute le ton de la conversation et non celui de la conférence. On recommande d’éviter les mots qui contiennent certaines lettres donnant lieu à des fritures. Ex. les s, les finales p ou t. Il y a lieu de combiner la distribution de textes imprimés avec la radiodiffusion des paroles.


c) « La radiophonie inaugure la dictature de la voix qui venue de loin passe. Les paroles solitaires et éphémères ne peuvent avoir ni la densité, ni la complexité des textes qui se soumettent amiablement à des ralentissements et à des reprises ou des récitations auxquelles un corps tendu assure un pouvoir de suggestion et de fascination. » (Pierre Bourgeois.)

243.47 Radio et musique.

La radio basée sur le son ne s’est pas bornée à être un instrument de transmission de la parole ou de signaux. Elle s’est développée comme instrument de musique.

Cela dans trois directions : par la diffusion de la musique ordinaire, avec ou sans voix humaine, par la création de la musique écrite pour le radio, par la création d’instruments de musique reposant sur la T. S. F. et apportant des sonorités toutes nouvelles (l’orgue radiophonique, les instruments de Theremis, etc.).

243.48 Organisation internationale.

Le radio fait naître des problèmes qui dépassent les frontières et une organisation internationale doit lui être donnée.

a) Les stations ont poussé comme des champignons. Il en existe actuellement 259 en Europe. Un organisme international était nécessaire pour mettre de l’ordre dans cette abondance. L’Union Internationale de Radiodiffusion fut créée en 1925. Elle nomma plusieurs commissions dont la commission technique. Elle a élaboré un plan de répartition des longueurs d’ondes. Plan de Genève 1925, plan de Prague 1929. Plan de Madrid prévu en 1932. b) L’Institut International de Coopération Intellectuelle a réuni en 1933 un Comité en vue d’étudier les mesures préventives et les mesures positives que pourraient prendre les gouvernements et les entreprises de radiodiffusion, afin de mieux adapter cette force nouvelle aux intérêts internationaux. Ces études ont porté sur les matières pouvant faire l’objet d’accords généraux ou régionaux entre les gouvernements et les entreprises de radiodiffusion, l’application de ces accords, la possibilité d’éliminer les émissions susceptibles de troubler les bonnes relations internationales, les mesures constructives tendant à favoriser les rapprochements des peuples par des émissions faisant connaître leurs diverses civilisations.

c) La Société des Nations dispose maintenant de sa station près de Prangins à quelques kilomètres de Genève. Édifiée dans le but de réaliser une liaison directe avec tous les États-membres, cette station servira pendant les périodes où l’assemblée ne siège pas, à la radiodiffusion de conférences et de cours en faveur de la

  1. Education by Radio. 25 May 1933.