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Page:Otlet - Traité de documentation, 1934.djvu/418

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LES ENSEMBLES

la mobilité des feuilles pour faire facilement les combinaisons, la couleur.

9° L’analyse (division) consiste à établir séparément chaque élément aussi spécialisé soit-il. La synthèse (composition) consiste à regrouper les éléments. Le fait que les tableaux sont sur feuilles mobiles (fiches) permet la combinaison : ordre des parties et du tout, ordre de répartition selon l’espace ou lieu, ordre de succession dans le temps, etc. Les indices de classement facilitent ces utilisations diverses. Des notices spéciales indiquent et suggèrent les combinaisons possibles, les unes fondamentales, les autres secondaires.

10° Le principe de la synthèse doit présider aux tableaux, à savoir que toute donnée nouvelle acquise, en quelque domaine que ce soit, doit immédiatement exercer ses répercussions sur toutes les parties intéressées. À ce point de vue l’enregistrement de la science doit être construit à la manière de la comptabilité qui suit et enregistre tout le mouvement des valeurs, ainsi que les répercussions de ce mouvement. Chacun pour l’expression de sa pensée doit être invité à se servir des tableaux universels existants. S’il y fait objection, ce ne peut être qu’en raison de l’insuffisance de ces tableaux (incomplets ou incoordonnés) ou par le fait que lui-même n’est pas à la hauteur de la science récente.[1]

422.35 La Codification.

a) Elle comprend l’œuvre de codification et de coordination des données elles-mêmes. Elle donne lieu à extraits et retranscriptions dans les cadres d’une systématisation unique. Ce qu’on pourrait appeler le Livre Universel par opposition aux livres particuliers.

Les données elles-mêmes sont bien distinctes des documents dans lesquels ils sont relatés. Il s’agit d’organiser systématiquement des ensembles de ces faits et données. Pour chacun de leur ordre est établie une notice systématique type déterminant : 1. les éléments qui sont à relever pour chaque catégorie des faits ; 2. le mode selon lequel il y a lieu de les disposer sur la notice (Règles documentaires).

Pour l’établissement de ces notices, on met à contribution toutes les sources recueillies. Les documents de la bibliothèque, les dossiers sont dépouillés et on utilise aussi les données documentaires recueillies par voie d’enquête. On a soin d’indiquer sur chaque notice la source des données.

b) La codification est la forme ultime de la documentation qui s’attache aux ensembles. Le jour où tout le savoir sera codifié, l’esprit sera en possession d’un instrument incomparable, venant en aide à toutes ses opérations intellectuelles.

La codification consiste : 1° à ne dire les choses qu’une fois ; 2° à les dire en termes tels que l’idée générale précède l’idée particulière et s’élève ainsi au rang de principes, normes, lois, règles ; 3° à dire les choses d’une manière systématique et classée.

c) Il s’agit de ramener à l’unité élémentaire les multiplications et les complexités. L’opération présente des analogies avec la réduction des fractions à un même dénominateur et avec les transformations successives des expressions algébriques. L’opération revient à réduire les documents et leurs éléments documentaires et à intégrer ensuite les données de ces éléments, c’est-à-dire à les fusionner en éliminant les répétitions.

d) Le code est établi en dossiers ou atlas dont chaque feuille mobile est consacrée à la mise en tableau (tabulation) d’une donnée disposée selon les formes bibliologiques les plus adéquates (schémas, illustration) en original ou provenant du dépouillement systématique du contenu des publications.

e) Ln codification peut être puissamment aidée par des procédés mécaniques.

f) La codification doit être conçue en évolution constante. C’est la condition même de la science. Les thèses les plus fortement accrédités doivent être de temps à autre remises sur le tapis, passées au crible de la critique en tenant compte des nouveaux points de vue.

422.4 La Documentation administrative.

Les Archives administratives : Elles comprennent 3 pièces, les lettres, rapports, statistiques, comptes relatifs à un organisme. Elles donnent lieu à la formation : 1° de dossiers consacrés chacun à une personne ou entité, à une affaire ou question ; 2° de répertoires ou fichiers réunissant selon des cadres unifiés les données analytiques de l’administration (Répertoire administratif général) ; 3° de tableaux avec texte, colonnes, schémas, images, condensant ces mêmes données sous une forme synthétique

Par l’organisation de la documentation administrative, un

  1. La Wiener Méthode (méthode de représentation statistique mise en œuvre par le Gesellschafts und Wirtschafts Museum in Wien) a été résumée ainsi : 1. visualiser les données statistiques par un nombre répété de figures et non pas de plus grandes figures ; 2. au lieu des cercles et des carrés, des rectangles qui rendent la comparaison plus facile ; 3. emploi d’images coloriées, de dessins en noir et blanc dits « Magnet-bilder » (pour exprimer les phénomènes de masse variables), diapositives mobiles et films dits de dessins ; 4. les couleurs claires réservées à la représentation des données déterminées, les grises pour les indéterminées, par ex. ce qui est organisé et inorganisé ; 5. symboles de couleur : vert = agriculture, blanc = forces hydrauliques (houille blanche). La représentation par images des données statistiques est une urgente nécessité si l’on veut mettre en œuvre la grande force populaire que contient la statistique.

    La méthode a aussi reçu le nom de méthode Neurath ; des événements ont dû faire transporter à Lahaye le centre du travail commencé à Vienne. (International Foundation for the Promotion of Visual Education).