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Page:Otlet - Traité de documentation, 1934.djvu/430

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LES LOIS UNIVERSELLES

des livres passe à d’autres livres quand eux-mêmes ont été détruits ; et toute création bibliologique, si originale et si puissante soit-elle implique redistribution, combinaison et amalgames nouveaux des données antérieures.

B) La loi du moindre effort. Elle régit aussi l’évolution du livre.

C) La loi des cycles naturels, la nature offre de grands cycles fermés et sans cesse renouvelés, tel celui des eaux, fleuves et rivières se déversant dans les mers ; nuages formés par l’élévation des eaux sur les océans ; vents, arrêts de nuages par les montagnes, condensant pluie, alimentation des ruisseaux, rivières et fleuves. Dans le livre aussi On observe un tel cycle fermé et universel ; la chaîne des opérations de production, distribution, conservation, utilisation et destruction ; car en masse, journaux, périodiques, livres, vont au pilon et de là, à la papeterie, pour servir à d’autres publications.

D) La loi du comportement. Bien que fort contestée, cette loi se formule ainsi. Il n’y a dans les êtres vivants que des phénomènes d’ordre uniquement physico-chimique auxquels l’animal n’a pas de part volontaire et consciente. On ne saurait méconnaître qu’il n’y ait l’analogie d’un comportement. Bien que fort contestée celle-ci se formule ainsi. Il n’y a dans les êtres vivants que des phénomènes d’ordre uniquement physico-chimique auxquels l’animal n’a pas de part volontaire et consciente et on ne saurait méconnaître que dans le phénomène du Livre pris dans son ensemble, il n’y ait l’analogie d’une répétition quasi automatique : production des journaux, des revues, vente par la librairie, prêt par les bibliothèques.

512.5 Biologie.

Diverses lois de la biologie se retrouvent aussi être des lois de la Bibliologie. Et le Livre est un organisme.

E) La loi de phylogénie. Les individus constituent des espèces et ils s’enchaînent en longues lignées. Ainsi des livres.

F) La loi d’ontogénie ou loi de répétition abrégée et non amplifiée de la phylogénie. Elle se formule ainsi : « Dans son développement embryologique chaque individu revêt successivement les formes par lesquelles a passé son espèce ». Cette loi est modifiée par celle de la Tachygénèse. « Certains individus sautent des stades entiers de l’évolution » (récapitulation acquisitive et accélération dans la récapitulation). Dans l’élaboration du Livre on constate qu’avant d’acquérir la forme qu’il présente à sa naissance publique, le livre a, chez l’auteur, traversé les phases de l’entogénie bibliologique. Et dans certains cas d’élaboration ultra-rapide, directe il n’y a pas l’équivalent de la Tachygénèse. Les ouvrages fondamentaux (traités, premiers principes) vont d’édition en édition à se répéter et souvent en s’abrégeant. Le terme récapitulation lui-même est emprunté à la documentation,

D) Loi d’hérédité et de sélection. L’hérédité est le phénomène de la reproduction des êtres et de la formation, de la conservation ou de la disparition de leurs diverses fonctions vitales.[1]

A) Loi d’organisation. Tous les phénomènes de la vie forment une sorte de réseaux dont une seule maille ne peut se mouvoir sans que toutes les autres oscillent. Ainsi de tous les éléments d’un livre, de tous les livres entr’eux.

B) Loi d’adaptation. Effort des êtres vivants pour s’ajuster à leur milieu. Le monde de la pensée qui s’exprime dans les livres est aussi perpétuellement en mouvement. Et les moindres variations sur un point obligent l’esprit à des adaptations ; de là une mise au point perpétuelle des idées ; de là ces livres, ces écrits, qui pèsent à nouveau les questions qui les désétiquettent, les synthétisent différemment. Aussi quel corps de science pourrait se maintenir stable devant la nécessité de cette adaptation intellectuelle.

C) La loi de survivance du plus fort (struggle for life) ; cette loi est à interpréter très largement dans le sens d’une survivance des plus « intelligentes » assurée chez les êtres les plus évolués par l’intelligence avide de combat.

Parmi les livres aussi, il y a large lutte pour la vie, lutte pour se faire lire, triomphe et survivance du plus fort, la valeur intrinsèque étant qualité de force.

512.6 Psychologie.[2]

Le livre est un « Psychisme ». L’enregistrement qu’il réalise est comparable à la conscience humaine qui perçoit les rapports et relie les événements successifs, rapports dont l’ensemble et les interventions constituent aux yeux de beaucoup la conscience elle-même.

Le point a été traité sous le n° 155 Psychologie bibliologique. Il est simplement mentionné ici pour mémoire.

A) La loi d’équilibre. La psychologie la plus subtile conçoit l’intelligence comme une information du dehors, et la conscience comme une synthèse de ces informations. Posant en but de la vie, la liberté, elle tient celle-ci comme fonction à tout moment de l’équilibre le plus délicat entre le milieu interne et le milieu externe. Le Livre est une prolongation de l’information et celle-ci en s’amplifiant

  1. Johanssen : Exakte Vererbungslehte. (Science exacte de l’hérédité).
  2. Remarques complémentaires. 1. Il faut s’occuper du livre dans ses résultats psychologiques sur le lecteur. À quoi doit servir le livre ? comment atteint-il le résultat cherché et aussi d’autres résultats ? 2. Il existe des types intellectuels que l’on peut dégager par l’observation. 3. Ces types constituent des types sociaux variables d’après les races, les milieux et les temps et que l’enquête aux fins bibliologiques, complétée par une statistique des grands nombres permet de déterminer (psycho-sociologie bibliologique). 4. Les livres sont les équivalents des textes ou moyens imaginés par les psychologues pour déceler, mesurer et classer les caractéristiques mentales des individus. 5. Les résultats de la réaction de la lecture sur les individus permet d’établir une appréciation de la va-