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Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 11.djvu/347

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Cependant votre billet m’afflige, il me fait comprendre combien vos yeux sont malades, et les nouvelles que me donnent vos amis confirment mes craintes. Le climat de Corfou convient-il à ce mal ? Le soleil ardent du midi ne peut-il pas épuiser votre vue ? Avez-vous d’ailleurs les ressources médicales que vous trouveriez ici ? Il nous semble que vous auriez à Paris des soins et des conseils meilleurs et nous ne croyons pas céder seulement à notre intérêt personnel, en vous pressant devenir chercher parmi nous un été moins brûlant et des médecins plus expérimentés. C’est ce que nous redisons bien souvent, ma femme et moi car toutes vos bontés l’ont pénétrée jusqu’au fond du cœur, et elle partage, tout le culte que je vous rends. Ne vous défendez pas, monsieur et très-cher ami laissez-moi vous dire une fois les sentiments que m’a inspirés cette alliance si rare, et si accomplie en votre personne, d’une âme -vraiment chrétienne, d’un grand caractère politique, et d’un beau génie littéraire.

Ah ! nous vivons dans un temps où il y a tant de destinées manquées, de belles qualités trahies par d’incroyables faiblesses, tant de génies déchus et d’anges tombés, qu’on est trop heureux de trouver encore quelques hommes à qui on puisse vouer une admiration sans réserve et un attachement sans regrets. Les jours qui nous ont séparés ont bien multiplié le nombre de ces désappointements..