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Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 11.djvu/348

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Voyez, voyez comme la grande leçon de 1848 est loin d’avoir instruit les hommes. Les voici tous, les uns après les autres, se faisant un point d’honneur de déclarer à la face du ciel et de la terre, qu’ils ne se sont jamais trompés, et que ces grands événements ne leur ont rien reproche et rien appris; les voici qui reprennent leurs haines, leurs petites passions de chaque jour et leur paresse qui leur fait fuir toute nouveauté ils feront tout pour forcer la Providence à frapper une seconde fois et plus fort.

Je n’ai qu’un espoir, mais il est grand. C’est qu’au milieu .de la décomposition de la société politique, le christianisme se raffermit, c’est que jamais la foi ne s’est montrée plus vive que cette année. La foule, qui ne sait. plus à qui se donner, court au seul maître qui a les paroles de la vie éternelle. Ah ! la France est bien la Samaritaine de l’Evangile, elle est allée puiser bien des fois à des sources qui ne la désaltéraient point. Elle s’attachera à celui qui lui promet l’eau vive, afin de n’avoir plus soif. Je ne sais pas comment se reconstituera l’Europe, il est clair que les rêves des vieux partis s’évanouiront. Mais ce qu’on ne peut méconnaître, c’est que la pensée qui civilisa les barbares remue encore ce chaos de nos jours. Les opinions sont armées et à la veille d’en venir aux mains. Mais il y a des chrétiens dans tous les camps. Dieu nous disperse sous des drapeaux ennemis, pour qu’il n’y