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Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 11.djvu/6

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ANNÉE 1842

et réservées à un petit nombre d’initiés, elles cessent d’être populaires. Il s’ensuit que des livres et des leçons accessibles à la foule des esprits éclairés n’acquièrent aucune considération parmi les hommes spéciaux, dont les œuvres à leur tour, par la sévérité de leur forme, découragent la bonne volonté du public. Assurément, avec du génie on saurait éviter à la fois le pédantisme des érudits et la superficielle médiocrité du vulgaire. Mais le génie est un don souverainement rare que Dieu donne une fois ou deux par siècle, et qui n’est pas prodigué dans celui-ci. Pour moi, il m’est presque toujours arrivé que mes compositions les plus faciles et les plus heureuses étaient les moins goûtées parmi les gens du métier.

Mon cours a bien eu cet avantage de réunir beaucoup d’auditeurs, et par conséquent de leur demeurer accessible, sans manquer aux devoirs d’un enseignement sérieux. Cependant parmi les personnages graves qui l’ont suivi, aucun ne m’a conseillé de publier mes leçons sténographiées et simplement revues. D’ailleurs, comme je touche à beaucoup de points, et à des points vivement controversés en Allemagne, un livre sur ce sujet, pour être fort et respecté, exigerait des vérifications immenses. La critique a bien plus dé prise sur la parole écrite. Et puis il est douteux qu’en France où les questions purement littéraires ont peu d’attrait pour les esprits, un ouvrage sur la littérature