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Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/480

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au cinquième siècle, si ce n’est que, Virgile supposant toute une suite d’écrivains engages avant lui au service de la même doctrine secrète, il faudrait le faire remonter plus haut, et jusqu’au temps d’Ausonc. Mais le poëte Ausone, si intarissable et si instructif dans ses éloges des rhéteurs aquitains, ne laisse rien pressentir de pareil aux inventions grammaticales de l’école de Toulouse. Tant que l’épée de Théodose et la politique de Stilicon couvrirent les frontières, les lettrés s’occupèrent de célébrer la gloire de l’empire, et non pas de se dérober aux menaces des barbares[1].

Les dernières difficultés s’évanouissent, si l’on

  1. Beugnot, Histoire de la chute du paganisme en Occident. Le cardinal Mai croit trouver chez le rhéteur Fronto les premières traces du langage mystérieux adopté par les grammairiens de Toulouse. Voici le passage de Fronto, de Feriis Alsiensibus Mai 1° édit., t.1, p. 177 « Ut homo ego multum facundus et Senecae Annaei sectator, faustiana vina de Sullae Fausti cognomento (felicia appello calicem vero sine delatoria nota cum dico, sine puncto dico. Neque enim me decet, qui sim jam homo doctus, volgi verbis falernum vinum aut calicem acentetum(Plin., 37. 10) appellare. Nam qua te dicam gratia Alsium maritimum et voluptarium locum, et, ut ait Plautus, lucum lubricum delegisse, nisi ut bene haberes genio, utique verbo vetere faceres animo volup? Qua malum volup? Immo si dimidiatis verbis verum dicendum est ubi tu animo faceres vigil vigilias dico, aut ut faceres labo, aut ut faceres mole labores et molestias dico. » Quintilien, 1, 7 : « Vesperug, quod vesperuginem accipimus. » On reconnait bien ici l’inclination qu’eurent toujours les gens d’école à parler le moins possible la langue du vulgaire. Mais il fallait les dangers de l’invasion pour donner à cette vanité l’appui d’un motif sérieux, pour que ce caprice des anciens grammairiens fut réduit en système, et qu’au lieu de quelques mots entendus à demi par les initiés, on en vint aux douze latinités de Virgile l’Asiatique.