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Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/239

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quoi il avertit ses disciples, comme on l’a dit, de ne pas mépriser les riches. Vers le milieu du même siècle, saint Bonaventure, promu au gouvernement général de l’ordre, est déjà conduit à rappeler aux frères que le Sauveur fut plus pauvre qu’eux, et leur interdit de blâmer publiquement la vie des supérieurs spirituels et temporels. En même temps, saint Thomas d’Aquin, après avoir défendu avec tant d’éclat la cause des religieux mendiants, s’attache à établir cette thèse qu’on s’étonne de voir contestée, « qu’il est permis de posséder en propre. » C’est qu’en effet la passion de la pauvreté s’était tournée en une haine de toute propriété qui ne s’arrêta pas à de vains combats de paroles. Pendant que les franciscains, dans les luttes de l’école, se défendaient de posséder en propre jusqu’aux aliments qu’ils consommaient, une doctrine commençait à se faire jour, semblable en plus d’un point aux évangiles nouveaux que notre siècle a entendu prêcher. Le genre humain, y était-il dit, devait passer par trois états : le règne du Père et de la loi écrite dans l’Ancien Testament, le règne du Fils et de la foi révélée dans le Nouveau, l’avènement du Saint-Esprit en la personne de saint François, et le règne de l’amour annoncé dans le livre de l’Évangile éternel. L’ancienne Église, réprouvée à cause de ses richesses, devait voir tous ses droits transportés aux religieux mendiants, l’empire passait aux pauvres, et, la propriété s’éteignant, le monde