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Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/240

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n’était plus qu’une grande communauté rangée sous la règle franciscaine. Ces rêves ne restèrent point confinés au fond des cellules où ils furent conçus. L’Évangile éternel entraîna la moitié de l’ordre, et à la suite de ces religieux les peuples qui trouvaient leur cause dans la cause des pauvres. Sous les noms de Fratricelles et de Beggards, les sectaires remplirent bientôt l’Italie et l’Allemagne ; leur audace en vint à ce point, qu’ils s’assemblèrent dans Saint-Pierre de Rome pour y faire un pape, et qu’en 1311 le concile de Vienne, effrayé de leurs progrès, mit en délibération la suppression de l’ordre de Saint-François[1].

Mais, quand l’erreur touche à la propriété, nous savons qu’elle n’est pas loin de mettre la main sur la famille ; et jamais ces annonces d’un évangile de l’amour n’ont troublé le monde chrétien, qu’elles ne soient arrivées à la réhabilitation de la chair par l’émancipation des femmes. Pendant que les Fratricelles prêchaient l’avènement de l’Esprit-Saint, une étrangère, appelée Guillelmine, parut à Milan, se donnant pour l’incarnation de l’Esprit, destinée à consommer l’œuvre imparfaite du Christ, a exercer un pontificat nouveau, et à faire passer dans les mains des femmes le sceptre rajeuni de la papauté. Les historiens contemporains assurent qu’elle célébra longtemps les

  1. Raynaldus, Annales eccles., ab ann. 1294 ad ann. 1312 ; Tiraboschi, t. VII.