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Page:Pérochon - Les Creux de maisons.djvu/140

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CHAPITRE V

LA CRÈVE !


Lucien Chauvin du bourg ayant eu huit jours de congé fin septembre, en profita pour aller voir son oncle du Pâtis,

Lucien était employé des postes ; il allait sur la trentaine ; il était petit avec une barbe très noire et des yeux inquiets. Son frère, l’abbé, qui avait la peau rose et le poil châtain, n’appelait que Lucienfer ce cadet brun dont la bouche, d’ailleurs, blasphémait couramment.

Au lieu de suivre son aîné au séminaire, Lucien était resté au collège jusqu’à dix-sept ans. Son père ayant fait à ce moment-là de grosses pertes d’argent, il avait cessé ses études avant le baccalauréat ; puis il avait travaillé seul et deux ans plus tard, il était entré dans l’administration des postes, par la petite porte, comme surnuméraire.

Ce n’était pas tout à fait ce qu’il avait rêvé sur les bancs du collège. Ses débuts, d’ailleurs, furent maussades. Il n’est pas de pire arrogance que celle des petits fonctionnaires ; harcelés par les chefs, épiés par les inspecteurs prêts à fondre sur eux, ils se vengent sur le public et aussi sur les nouveaux venus, sur les