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Page:Pérochon - Les Creux de maisons.djvu/194

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devant sa porte. Les femmes, avant d’aller laver, passaient voir si la Bernoude n’avait point un petit paquet à leur donner ; la grand’mére était heureuse de se débarrasser ainsi d’une partie de ses laveries, — sans compter que cela ménageait le savon.

Les voisines aidaient aussi la Bernoude à corriger les petits, les bessons surtout, avec qui cela n’allait pas toujours. S’étant en effet avisés que leur grand’mère ne savait plus courir et que, d’autre part, elle était trop bonne pour les faire battre par leur père, les garnements en profitaient pour faire mille sottises.

Séverin fut inscrit sur la liste des indigents de la commune. Il ne paya plus rien à l’école pour les livres et les cahiers de ses enfants et il eut droit gratuitement au médecin.

Oui, les Pâtureau furent secourus tout d’abord ; mais on s’habitue vite à la misère des autres : la pitié des gens ne dura qu’un temps. Et puis il y eut d’autres malheurs dans le pays, d’autres veufs, d’autres orphelins ; on oublia un peu ceux des Pelleteries.

Pourtant, ils n’étaient pas à la noce.

La Bernoude avait beau faire, elle n’arrivait pas à remplacer la défunte. Elle n’avait la paix qu’aux heures de classe, quand le bébé dormait. Le soir, la pauvre vieille était bien lasse ; elle se couchait dans un mauvais lit avec Louise, Marthe et Georgette. Séverin était un peu mieux partagé, n’ayant avec lui que les bessons ; mais en revanche il s’occupait de Georges qui criait souvent, étant sujet aux coliques.

Séverin passait des nuits entières à dorloter l’enfant, même au temps des grands travaux où le temps