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Page:Pérochon - Les Creux de maisons.djvu/232

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aiguille dans l’étoffe comme une grande femme.

— Eh bien, papa, es-tu gagé loin d’ici ? demanda-t-elle.

— Non ; je ne suis pas gagé du tout.

— Tant mieux. Je suis contente. Comme cela, tu te gageras dimanche à Coutigny et tu resteras dans un village des alentours. Qu’est-ce que je ferais si tu demeurais loin et si tu ne pouvais pas rentrer tous les soirs ? C’est que les drôles ne veulent pas toujours me croire, tu sais !

Depuis que sa grand mère était partie, elle parlait en maîtresse de maison.

Le dimanche suivant, en effet, entre messe et vêpres, Séverin se gagea chez les Bordager des Arrolettes. Et qui fit conclure le marché ? Ce fut Lucien Chauvin le commis.

Étant venu passer quelques jours de congé au pays, il était allé voir son oncle, et Florentin lui avait conté l’affaire du lièvre. Il avait pris le temps de s’indigner, après quoi il avait vanté Séverin devant le fils Bordager qui était son camarade d’enfance et dont le valet venait justement de tomber malade.

Et le dimanche donc, Lucien ayant rencontré les deux hommes, les fit entrer chez son père. Ils s’arrangèrent rondement ; Séverin irait aux Arrolettes tout de suite ; il aurait pour son année un cent de choux, quatre sillons de pommes de terre et quarante-sept pistoles. Jamais il n’avait gagné une somme aussi