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Page:Pérochon - Les Creux de maisons.djvu/237

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Bas-Bleu couchant seule sur l’ordre formel du médecin, Séverin s’était installé un grabat au grenier avec une vieille paillasse et des débris de couverture donnés par les Bordager. Les deux bessons couchaient chez leurs patrons ; quant aux trois petits, ils échangeaient leurs poux dans le second lit de la maison. Car ils avaient des poux continuellement ; c’était en vain que chaque dimanche le père leur frictionnait la tête jusqu’à les faire pleurer avec ses mains dures ; les poux revenaient on ne sait d’où. Un jour, la demoiselle qui faisait la classe à Marthe, renvoya la petite pour cause de malpropreté.

La Gustine, apitoyée, débarbouilla l’enfant et lui drogua la tête avec de la graine de pied d’alouette macérée dans du vinaigre. Séverin ne sut pas cette histoire.

Mais il ne pouvait manquer de s’apercevoir, du dénuement de plus en plus triste de la maison. Plus de chaux aux murs, plus d’images sur la cheminée, plus de laine dans les couvertures, plus d’assiettes au vaisselier… De la poussière partout, et des taches, et des toiles d’araignées.

Un jour que Pitaud avait fait pour les Pâtureau un charroi de complaisance, Séverin voulut lui offrir une tasse de café. Mais au moment de verser ce café dans une tasse jaune et ébréchée, il se trouva qu’il n’y avait rien pour le passer. Georgette dut remuer tout le fouillis de guenilles qui remplissait le buffet pour découvrir un linge à peu près propre.

Pitaud, trop honnête pour laisser voir son dégoût, se montra courageux devant sa bolée ; mais Séverin