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Page:Pérochon - Les Creux de maisons.djvu/52

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bla pâle et triste, et il pensa que c’était à cause de son père. Bernou, en effet, était malade, malade de souci, disait-on.

Séverin, troublé, car il allait à un rendez-vous avec la Mariche, prépara en sa tête les mots qu’il allait dire ; mais, tout d’un coup, la fille tourna à gauche, enjamba un échalier et, s’engageant dans un sentier qui suivait la haie, disparut. Or, ce sentier ne menait nulle part, il se perdait dans les champs plus loin, et Séverin le savait.

Alors il comprit que Delphine avait viré là pour l’éviter et qu’elle avait voulu l’éviter parce qu’on disait de vilaines choses sur son compte. Il eut un instant l’idée de la rejoindre, car il souffrait cruellement de la savoir fâchée. Il fit quelques pas dans le champ, après l’échalier, puis il n’osa plus.

Ce soir-là, Marichette l’attendit en vain.

Quelques jours après, il rencontra à Bressuire un de ses anciens camarades de service, Louis Bonnin, de Saint-Porchaire. Bonnin cherchait un valet pour son père.

— Tiens ! mais pourquoi pas toi, Séverin ? fit-il tout à coup ; tu n’es pas encore gagé ?

— Non.

— Eh bien ! c’est entendu, nous allons faire marché. Pourquoi ne viendrais-tu pas chez nous, mon vieux ?

— Pourquoi pas, en effet ? dit Séverin.

La proposition lui avait d’abord paru étonnante ; mais maintenant qu’il y songeait bien, il était presque décidé. Il ne serait pas plus malheureux chez Bonnin