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Page:Pérochon - Les Creux de maisons.djvu/77

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se mariaient ; ils sentaient leur poitrine trop petite.

Ils avaient invité leurs parents les plus proches. Victorine, mariée depuis peu, était là avec son homme et un bébé de trois mois ; Auguste et sa femme avaient également leurs deux petits ; on avait laissé ces enfants aux Pelleteries où avait lieu la noce. Les Pitaud, qui aimaient Delphine, n’étaient pas regardants ; ils prêtaient leur grange, une grange très vaste, construite pour battre au fléau, et même, ils fournissaient presque toute la vaisselle.

Le père Loriot et Frédéric étaient aussi à la noce de leur valet, mais la Louise était restée aux Marandières à cause du vieux.

En plus de ces gens, il y avait toute la parenté de la mariée et les camarades.

Séverin avait invité quatre valets du pays, entre autres Gustinet, l’ancien petit berger mangeur de fromage sec. Ils donnaient le bras à des filles cossues qui avaient été les amies de Delphine, au temps où elle était meunière. Elles étaient fières, ces filles, et ne parlaient qu’entre elles, dédaignant ces gens de rien qu’elles consentaient à accompagner ; mais dans le fond de leur cœur, elles étaient jalouses de la mariée si fraîche sous sa coiffe neuve et si élancée dans sa pauvre petite robe de lainage gris à trois francs l’aune.

Séverin, lui, avait fait faire son costume de noce à Bressuire, chez le tailleur. Il n’avait jamais, avant ce jour, porté de veston ; mais comme celui-ci était bien fait et ne le gênait pas aux entournures, il marchait avec aisance, étant droit d’ailleurs comme un jet de châtaigneraie.