Page:Pérochon - Les Creux de maisons.djvu/85

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était de mauvaise humeur, car la femme qui avait allumé les chandelles en avait placé une juste devant lui ; il refusa.

Auguste se prit à tempêter :

— Te dépêcheras-tu, failli gars ! Veux-tu en finir de nous faire ton prône !

— T’as le fricot ! chanta le bossu pour lancer les autres et détourner l’attention.

— Ah ! j’ai le fricot ! Eh ben ! toi aussi, mon gars, tu l’as, que je crois ! Si tu ne l’as pas, ça me trompe. Tu l’as, bon Dié ! tu l’as !

Ce fut une explosion de rires. Du coup, il ne fallut plus songer au prône. Les yeux du bossu flambèrent. Il eut envie de s’en aller ; il resta cependant à cause des galettes à la viande et aux prunes que l’on commençait à passer. Mais, dès que le repas fut tout à fait terminé, il se hâta d’empaqueter son accordéon.

Cela ne faisait pas l’affaire des hommes, de ceux qui avaient joué toute la journée et qui voulaient danser maintenant. Frédéric, enfin réveillé, héla violemment le musicien.

— Arrête ! Je veux danser un avant-deux avec la mariée !

— Je n’ai pas fait marché pour le soir ; je m’en vais.

— Je veux faire un avant-deux avec la mariée, c’est tout ce que je sais ; tu t’en iras après.

Cette idée fixe tenait le gars debout sur ses jambes vacillantes. Pâle, les yeux clignotants, sa chemise défaite laissant saillir son bréchet jaune, il barrait l’entrée de la grange. L’autre essayait de se glisser au dehors, il le repoussa :