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Page:Pérochon - Les Creux de maisons.djvu/93

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Séverin avait loué cette cabane parce qu’il n’avait pas le choix et aussi parce qu’elle ne coûtait que quarante francs l’an ; d’ailleurs, le petit jardin permettrait d’élever des lapins.

Il avait acheté à une vente, pour une somme assez faible, un lit, une table de bois blanc, quatre chaises et un vieux buffet avec son vaisselier. Delphine, de son côté, s’était occupée de garnir le lit et d’acheter quelques menus objets. Quand ils eurent tout payé, noces, meubles, vêtements, il leur resta encore cent francs que Delphine cacha dans sa paillasse, car la porte loquetait très mal du dehors.

Alors, ils firent des rêves.

Lui, allait recevoir trois cent cinquante francs à la Toussaint ; elle, d’ici là, gagnerait plus que sa vie à aller en journée chez la Pitaude et à faire des laveries aux alentours. Ils pourraient mettre de l’argent de côté, et ils quitteraient cette maison pour une maison plus belle où il y aurait une chambre.

En attendant, Séverin apporta du jardin un mélange de terre et de brique pilée pour combler les trous qui faisaient clocher la table et les chaises. Puis il fit une huche à pain qu’il suspendit à la maîtresse poutre.

À la Toussaint, on acheta beaucoup de choses qui manquaient ; on étoffa le lit qui était véritablement trop mince pour le temps d’hiver. Delphine attendant un petit, il fallut se préoccuper du berceau et préparer des langes, des brassières. Les quatre cent cinquante francs furent écornés plus qu’on ne l’avait prévu. Cependant Séverin acheta encore un petit fût de vin — trente litres — destiné à la compagnie, avait-il dit