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Page:Pérochon - Les Gardiennes (1924).djvu/153

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LES GARDIENNES

devoir placer leur mot, louant le courage de ce pauvre homme, blâmant la dureté de cœur partout où elle se trouvait. Hautement, le maladroit auxiliaire se faisait entendre.

La Misangère, relevant le front, opposa à tous ces bavards sa figure blanche et froide.

— Allez à votre besogne, s’il vous plaît ! dit-elle : la récolte n’est pas encore battue.

Ils sortirent sans en demander davantage et elle les suivit pour les remettre à l’œuvre. Quand elle revint, un peu plus tard, Solange pleurnichait au chevet de son père et celui-ci poussait de sourdes plaintes. La Misangère s’approchant, Solange la regarda avec sévérité, sans lui parler. Quant au bonhomme, il cessa aussitôt de se plaindre et il dit encore, avec une sorte de joie lamentable :

— Je t’avais prévenue, Hortense ! C’est ta faute ! J’ai toujours compris que tu voulais nous faire périr !… C’est ta faute, Hortense ! c’est ta faute !…

Le médecin, que Christophe était allé quérir, vint dans la soirée. Il confirma les dires du vieillard rebouteux. Le père Claude devrait garder l’immobilité pendant de longs mois ; pour l’instant, il fallait, avant tout, le soigner avec attention, car il était épuisé.

— Comment ferons-nous ? disait Solange ; cette fois il n’est plus possible de continuer !

— Je suis encore debout ! répliqua sa mère ; et, toi aussi, il me semble !… Tu me parais en bonne santé !

Alors le père Claude :