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Page:Pérochon - Les Gardiennes (1924).djvu/209

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LES GARDIENNES

leva les yeux : ils se trouvaient devant un de ces prés plantés d’arbres fruitiers qui servent de vergers aux maraîchins. Sur le bord du fossé se dressait une hutte de branchages où séchaient des roseaux coupés l’année précédente. Georges se redressa tout à fait, passa la chaîne du bateau sur la racine d’un frêne.

— Francine, dit-il, vous parliez du paradis… eh bien, voici précisément un « paradis ! »

Il jouait sur les mots mais ne souriait point ; sa figure restait ardente et grave. Debout, il prit Francine à la taille et l’emporta, palpitante, vers la hutte sous les arbres.

Lorsqu’ils revinrent au bateau, le crépuscule s’annonçait déjà sur le Marais que l’ombre gagne vite.

Il faisait presque froid ; Francine, assise à l’avant, eut un frisson. Georges décrochait la chaine du bateau ; il se hâtait, les mains fiévreuses.

Ni l’un ni l’autre ne virent Marivon, de l’autre côté du fossé. Le bonhomme était là, agenouillé dans l’herbe depuis une heure peut-être, aussi immobile que le tronc de l’arbre auquel il s’appuyait. Il épiait les jeux d’une bande de perches, au fond de l’eau mince. Il regarda d’abord les jeunes gens d’un air inquiet, car il lui venait des hommes plus souvent reproches et quolibets que propos de bel accueil ; puis ses yeux suivirent avec contentement le bateau qui s’éloignait et une sorte de sourire traîna dans sa barbe épaisse.

Georges, pour regagner le Grand Canal de Sérigny ne prit point la Belle Rigole mais coupa au plus