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Page:Pérochon - Les Gardiennes (1924).djvu/211

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LES GARDIENNES

À la Cabane, la Misangère l’attendait pour lui demander des explications sur son retard, pour lui parler ferme afin qu’elle n’abusât point, à l’avenir, de sa liberté du dimanche.

Mais la Misangère ne dit rien : l’air étrange de la servante lui donnait à réfléchir. Elle la considéra un instant, puis sortit.

À ce moment, Georges, ayant fait un détour, arrivait par la conche Saint-Jean. La présence de sa mère parut le surprendre et le gêner. Il dit, sans arrêter le mouvement de sa rame :

— Je vais aborder un peu plus loin car j’ai le bateau des Ravisé.

Elle suivit le canal et ils remontèrent ensemble vers Château-Gallé, Elle dit :

— Ne t’ayant pas trouvé à la boulangerie, je me demandais où tu étais parti… Tu es allé sans doute à Saint-Jean voir des amis ?

— Oui ! du côté de Saint-Jean… J’ai passé devant la hutte de Marivon… et puis voyagé un peu partout, dans ces côtés du Marais. C’était mon idée de faire un tour par là.

Il avait dit ces derniers mots d’une voix nette, comme un grand garçon en âge de liberté dont les plaisirs échappent à la surveillance des parents.

Elle n’osa le questionner davantage. Plusieurs pensées se présentèrent ensemble à son esprit et s’ajustérent. Elle en conçut une vive inquiétude que rien, cependant, ne vint trahir sur son visage.

Le lendemain, elle surprit, par hasard, le Grenouillaud près de la Cabane. Le bonhomme, comme