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Page:Pérochon - Les Gardiennes (1924).djvu/236

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LES GARDIENNES

dont personne jamais ne prendrait la défense.

De là ce malaise qu’elle ne secouait pas toujours facilement.

Son visage s’éclaira devant la joie de Marguerite ; la chanson qu’elle entendit fut douce à son oreille. Elle pensa :

— J’ai guéri celle-ci en blessant l’autre… Songeant aux miens d’abord, je n’ai peut-être pas été juste… J’ai fait de mon mieux !

Comme elle poussait la porte de la boulangerie, Marguerite se retourna, rieuse et toute blonde dans la fine poussière de la farine.

— Bonjour, cousine Hortense !

— Bonjour, ma fille ! dit la Misangère ; cela ne va pas trop mal ici, puisque l’on y chante.

— Cela va fort bien ; nous sommes en avance d’une grande heure.

Marguerite se remit au travail ; la Misangère la regardait et ses yeux avaient une douceur inaccoutumée.

— N’as-tu pas reçu des nouvelles de Georges ?

Le sang rose monta aux joues de la petite, mais elle répondit sans hésitation :

— J’en ai reçu… et aussi son dernier portrait, qui a êté fait dans les montagnes d’Italie. Il m’a écrit, hier, qu’il allait sans doute revenir en France avec de nombreux camarades. Puisqu’il sera bientôt à l’armée de chez nous, il aura sa permission à son tour, avant qu’il soit trop longtemps.

Lucien, à cet instant, sortit. Alors, la Misangère mit ses mains sur les épaules de Marguerite.