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Page:Pérochon - Les Gardiennes (1924).djvu/256

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LES GARDIENNES

IV


Pour faire sa besogne complètement et bien, Francine éprouvait quelques difficultés. Heureusement, elle ne travaillait pas en nombreuse compagnie ; ni la Miraine, absorbée par son chagrin, ni son père, vieillard que la fatigue rendait inattentif, n’observaient de très près les gestes de la servante. Lorsque Francine ressentait quelque malaise, elle pouvait, sans que cela fût remarqué, s’arrêter un moment pour se remettre ; d’habitude cela durait peu et elle réussissait à rattraper le temps perdu.

Quand elle était seule ainsi à travailler, elle pensait à Georges, au cruel abandon, et son cœur, alors, portait le deuil de l’amour ; mais souvent, aussi, son esprit s’en allait en songeries dans une direction nouvelle où se trouvaient douceur et réconfort. De plus en plus elle portait attention aux gestes des enfants ; le petit, surtout, l’attirait quand il se mettait en défense entre sa mère et les étrangers.

Un soir, avant de se coucher, elle chercha parmi son linge une pièce de toile fine qu’elle avait achetée à Sérigny d’un marchand passager, au beau temps d’espoir. Après quelques hésitations, elle tailla dans cette toile, puis faufila vivement les morceaux ainsi