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Page:Pérochon - Les Hommes frénétiques, 1925.djvu/118

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LES HOMMES FRÉNÉTIQUES

société universelle, la substitution à l’unité actuelle d’un fédéralisme dont les caractéristiques restaient à déterminer. C’était là l’aboutissement logique des aspirations particularistes qui, depuis un demi-siècle, n’avaient cessé de prendre force. L’unité des parallèles se reforma sur cette question. Aussitôt, les méridiens firent bloc ; bénéficiant de la sympathie secrète de l’exécutif, ils réussirent d’abord, par des procédés légaux d’obstruction, à tenir la majorité en échec. Mais, bientôt, l’élan des parallèles devint irrésistible et déjoua toute manœuvre. Une attaque adroite et violente d’Endémios balaya l’exécutif et tous les hauts fonctionnaires soupçonnés de traditionalisme.

Dès lors, les débats se déroulèrent à une allure précipitée, dans une atmosphère d’enthousiasme. L’opposition doctrinale du parti méridien se manifesta avec éclat, mais n’arrêta rien.

On adopta rapidement le principe des subdivisions territoriales. Quelques-unes existaient déjà, en fait, depuis plusieurs années, en marge de la législation universelle, mal tolérées, du reste, par le pouvoir central. D’autres se formaient hâtivement, au hasard des sympathies et surtout des antipathies du moment, sans frontières nettement délimitées, avec des enclaves, des colonies, des enchevêtrements compliqués. Il restait enfin de vastes hinterlands où la population, tiraillée en tous sens, hésitait encore avant de s’unir à telle ou telle formation.

Le Parlement essaya de faire sortir de ce chaos l’ordre nouveau. Un premier projet de délimitation, qui prétendait tenir compte avant tout des affinités historiques, apparut d’une complication extrême et échoua complètement. Il ne pouvait