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Page:Pérochon - Les Hommes frénétiques, 1925.djvu/231

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UNE GENÊSE

La vie devint plus gaie et, en même temps, plus facile et plus sûre. Les voyageurs traversaient lentement des régions à peu près complètement inhabitées. Ils vécurent de longs jours paisibles sous un ciel limpide et clément.

Samuel et Flore fuyaient toujours les hommes et les animaux inquiétants par leur masse. Mais l’alliance avec le chien s’était élargie. Ouaf, à présent, avait une famille prospère, rapidement grandissante. Il y avait Bow, la mère, une grande bête fauve à lourde mâchoire, toujours en alerte et toujours prête au combat ; puis la tribu des jeunes, turbulents et bigarrés, chasseurs comme Ouaf ou braves comme Bow. Sur leur passage, les carnivores se cachaient ; les plus grands herbivores eux-mêmes rassemblaient leurs petits et prenaient le large.

Un jour, à la lisière d’un canton où vivaient encore quelques hommes, deux de ceux-ci, qui semblaient atteints de démence furieuse, poursuivirent Flore. Malgré la rapidité de sa course, elle allait sans doute être rejointe, lorsque Bow arriva comme la foudre et, derrière elle, plusieurs de ses fils farouches. Les deux hommes roulèrent sur le sol, la gorge ouverte. Flore fuyait avec Ouaf et les autres chiens et Samuel, à longues foulées, entraînait le groupe.

Samuel n’avait jamais l’idée de combattre…

Chaque saison le voyait plus grand et plus fort, mais il demeurait doux, prudent, furtif. Lorsque les chiens veilleurs donnaient l’alerte, il était debout le premier et, le premier, il prenait sa course, tirant Flore derrière lui. Au départ, lorsque rien n’entravait son élan, sa vélocité égalait celle des chiens les plus agiles. Ses jambes, longues et lisses, ne con-