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Page:Pérochon - Les Hommes frénétiques, 1925.djvu/235

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UNE GENÊSE

humain, les chiens les plus jeunes, les chasseurs à long nez et enfin Ouaf, tête haute dans le vent.

Soudain, Bow chargea et, derrière elle, d’un élan terrible, le groupe fauve des combattants. Les trois femmes n’eurent pas le temps de chercher à fuir ; elles tombèrent, et les hurlements des chiens couvrirent les cris de leur brève agonie. D’un bond formidable, le plus hardi des fils de Bow s’était jeté sur le premier cavalier ; l’homme, désarçonné, avait à peine touché terre que Bow l’égorgeait. L’autre s’éloignait, de toute la vitesse de son cheval.

La piste était libre. Samuel, Flore et les chasseurs s’élancèrent ; une détonation augmenta leur frayeur et la rapidité de leur fuite. Ils atteignirent un fourré et s’y enfoncèrent.

Bow et les combattants rallièrent la tribu peu après, les crocs encore saignants. Ouaf manquait, frappé à l’arrière par une main invisible, maîtresse du tonnerre. Bow revint sur ses pas ; ayant trouvé le cadavre, elle le flaira longtemps, puis elle hurla jusqu’au soir. Quand elle eut rejoint les siens, elle fut pendant plusieurs heures inabordable.

La poursuite avait cessé. Personne, chez l’ennemi, n’avait vu l’enfant…

La tribu, cependant, continuait à fuir, cherchant des terres de solitude. Elle ne s’arrêta qu’après une très longue course, sur un plateau couvert d’herbages. Il y eut une grande sécheresse, et l’eau vint à manquer. L’absence de Ouaf, l’incomparable chasseur, se faisait cruellement sentir. La tribu souffrit.

Ce fut en ce lieu que Samuel apprit à combattre. Un jour, il se trouvait avec Flore, sous un arbre au milieu du plateau désert ; non loin d’eux, l’en-