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Page:Pérochon - Les Hommes frénétiques, 1925.djvu/236

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LES HOMMES FRÉNÉTIQUES

fant rampait dans les hautes herbes. Ils étaient seuls avec les chiens derniers nés ; car, en ces temps de disette, tous les adultes poursuivaient le gibier rare. Samuel et Flore, amaigris, fatigués, somnolaient. Ils ne remarquèrent point deux hommes volants qui, sur de lents planeurs, glissaient silencieusement à faible altitude. Les deux hommes, soudain, s’arrêtèrent et vinrent atterrir près de l’arbre où le couple reposait. Puis ils coururent vers l’enfant et le saisirent. Émerveillés, ils élevaient le petit corps au-dessus de leur tête et leur joie éclatait à grand bruit. Flore et Samuel se dressèrent. La mère, avec un rugissement, bondit vers les étrangers. Samuel, déjà, avait pris sa course pour fuir… Un cri aigu de l’enfant l’arrêta net. Il revint, rompit au passage une lourde branche, et, avec une rapidité étonnante, il tua… Quand les deux hommes furent immobiles à ses pieds, il demeura un moment hébété, tout le corps tremblant ; puis il tourna autour des cadavres, s’en éloignant peu à peu, jusqu’au retour de Bow et des autres chasseurs. La tribu rassemblée, il cessa de trembler et gambada avec les chiens.

Pendant la nuit suivante, la pluie tomba abondamment. La tribu, désaltérée, reprit sa marche. Samuel allait en avant, précédant Bow, et il portait une massue grossière. Il échangea bientôt cette massue contre un lourd marteau de métal qu’il trouva sur son chemin. Ce fut, en ses mains, une arme terrible qu’il ne devait plus abandonner au temps de sa force.

La tribu traversa une région qui n’était pas complètement inhabitée ; plusieurs fois, on ne put éviter des hommes isolés. Surpris seul ou avec les chiens, Samuel fuyait. Mais, lorsqu’il était accom-