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Page:Pérochon - Les Hommes frénétiques, 1925.djvu/249

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UNE GENÊSE

Sa vaste poitrine se gonfla et il se redressa sur les poignets. Il regardait autour de lui, mais ses yeux demeuraient ternes et ne se fixaient point.

Soudain, tout son corps tressaillit ; il venait d’apercevoir l’homme sec ! Ce fut comme si le feu du tonnerre avait pénétré ses membres. Il poussa un rugissement et bondit. Le marteau rouge broya la poitrine de l’homme sec, dont les os craquèrent.

Éléoum s’abattit sur sa victime. Son ventre avait recommencé à saigner ; des soubresauts agitaient son corps, puis ce fut un tremblement qui ne cessa plus. L’homme sec râlait, mais ses mains remuaient encore ; ses mains continuaient leur caresse sur les flancs sombres d’Éléoum. Et son pâle visage était illuminé par un bonheur surnaturel.

Ils cédèrent à la mort tous les deux en même temps, lorsque la lune, arrivée en haut de sa course, commença de glisser sur la pente du ciel.

Nouhou chanta jusqu’à l’aube d’une voix plaintive, et les chasseurs chantèrent avec lui. Les chasseurs lamentaient la mort d’Éléoum, mais Nouhou regrettait aussi l’étranger aux yeux pleins de douceur dans le blanc visage rayonnant.

Quand Nouhou, guidant les vierges, alla saluer le retour du soleil, il portait le marteau rouge. Il s’avança tout au bord de la plate-forme et jeta le marteau dans les broussailles, au pied de la colline. Aucun des chasseurs n’osa descendre le chercher.

Nouhou était triste en songeant à l’alliance si tôt rompue et ses yeux se détournaient des chasseurs turbulents.

Il prit avec lui Ouhin, deux vieux longs-nez pleins de ruse, quelques jeunes hommes habiles au chant