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Page:Pérochon - Les Hommes frénétiques, 1925.djvu/35

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HARRISSON LE CRÉATEUR

fussent découverts ou qu’un nouveau progrès scientifique vînt dissiper la menace.

Ces avantages ne leur parurent cependant point suffisants. Une minorité de nationalistes mégalomanes provoqua en Chine du Sud des troubles violents. Les diplomates jaunes qui avaient signé l’accord passèrent en jugement, et quelques-uns furent exécutés.

Une poétesse laotienne, célèbre par ses débauches et son orgueil autant que par son lyrisme extravagant, se mit à la tête des mécontents. À son instigation, une société à demi secrète se forma ; ce fut le Coupe-coupe qui, bientôt, groupa cent millions d’exaltés. Propagées par des écrivains et des orateurs d’une éloquence barbare, les pires insanités de la vieille littérature chauvine et guerrière devinrent articles de foi pour les affiliés.

Aussi, bien que l’immense majorité des hommes demeurât pacifique, d’abominables aventures semblaient inévitables.


La guerre éclata en 2145, sans autre cause immédiate que le geste impudique d’une femme.

Un soir de mai, Lia-Té, la poétesse, ayant eu la fantaisie de se présenter nue et à califourchon sur un bouc, au sermon d’un clergyman de San Francisco, se vit reconduire sous les huées jusqu’à son avion.

À peine à bord, elle se précipitait au téléphone, et, d’une voix furieuse, en phrases grandiloquentes, elle informait le Coupe-coupe de l’affront fait à sa présidente. Immédiatement alertés, cinq cents avions s’élançaient au-dessus du Pacifique. Et, quelques heures plus tard, San Francisco se réveillait sous une averse de bombes asphyxiantes et