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Page:Pérochon - Les Hommes frénétiques, 1925.djvu/79

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HARRISSON LE CRÉATEUR

de la terrasse. Aussitôt, dominant le bruit de la fête aérienne, le chant révolutionnaire éclata, formidablement amplifié à l’émission par de puissants résonateurs.

Harrisson eut un geste désolé :

— Voilà, dit-il, les trouble-fête !… Ils finiront par gâter tout à fait leur cause… Comment osent-ils, en une heure pareille !…

Les avions approchaient rapidement, dispersant des jets de lumière par tous leurs hublots. On vit se rassembler des policiers ; une brigade se porta au-devant des nouveaux venus. Ceux-ci prirent de la hauteur. Le chant révolutionnaire avait cessé, mais un cri passionné emplissait l’espace :

— Justice ! Justice !

De grandes banderoles lumineuses se détachèrent des appareils et flottèrent dans le vent. On y pouvait lire en lettres énormes des inscriptions menaçantes.

« La journée d’une heure ou la mort ! » « Au siècle d’Avérine, la justice doit régner ! » « Au siècle d’Avérine, la puissance est aux mains de tous ! » « Nous frapperons et nous vaincrons ! » « Gare aux surprises ! »

Lygie referma les écouteurs. Mais le vieillard avait entendu le refrain brutal et il voyait, écrite au ciel, l’arrogante folie des chercheurs d’aventures. Une grande tristesse assombrit son visage ; ses deux mains montèrent à son cœur.

Les policiers, cependant, avaient rejoint les grévistes. Ils les entouraient, cherchaient à les entraîner afin de les faire atterrir hors de la zone illuminée.

Les avions policiers étaient en effet pourvus d’interrupteurs puissants, permettant de ralentir ou d’arrêter à distance les moteurs indépendants.