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Page:Pérochon - Les Hommes frénétiques, 1925.djvu/80

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LES HOMMES FRÉNÉTIQUES

Mais, cette fois, les avions poursuivis n’obéissaient point, disposant sans doute d’un propulseur inconnu. Pareille mésaventure arrivait assez souvent aux policiers depuis les récentes découvertes des élèves d’Avérine.

De nouveau, une banderole se détacha, portant l’avis inquiétant et narquois : « Gare aux surprises ! »

Une deuxième brigade d’avions à feux rouges monta à la rescousse. Le public regardait, amusé par cet incident imprévu. Les étudiants, abandonnant leurs jeux, se dirigeaient vers le lieu de la rencontre, tout à fait disposés à conspuer la police et à gêner son action.

Décidément impuissants à provoquer l’atterrissage, les agents manœuvraient, collaient à la ligne adverse, formaient un barrage à courte distance. Les grévistes firent demi-tour et prirent du champ. Tout à coup, un avion se détacha de leur groupe et, dédaignant toute feinte, fonça droit à grande vitesse. Il y eut quelque flottement dans la ligne policière ; prudemment, les avions du centre s’écartèrent. Le gréviste passait… Par malheur, un chef de brigade d’une énergie terrible commandait là. Il se trouvait un peu en arrière et au-dessus du barrage d’agents. Apercevant la trouée, il s’y laissa tomber avec la vitesse d’un bolide. Le gréviste voulut ralentir et l’éviter : il était trop tard ! Les deux appareils éclatèrent, s’anéantirent dans la même explosion. Des débris enflammés tombèrent dans la vallée.

Le drame avait été si inattendu et si rapide que beaucoup de spectateurs ne comprirent pas, d’abord, et crurent à un accident ordinaire. Mais les résonateurs des grévistes retentissaient de cris forcenés :