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Page:Palissy - Oeuvres complètes (P. A. Cap, 1844).djvu/132

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petits bras, comme filets en l’air, et trouuans quelque petite branche, ou rameau, se venoyent lier et attacher, sans plus partir de là, à fin de soustenir les parties de leur debile nature. Et quelque fois en passant par le iardin, ie voyois vn nombre desdits rameaux, qui n’auoyent rien à quoy s’appuyer, et iettoyent leurs petits bras en l’air, pensans empoigner quelque chose, pour soustenir la partie de leurdit corps, lors ie venois leur presenter certaines branches et rameaux, pour aider à leur debile nature : et ayant ce fait au matin ; ie trouuois au soir que les choses susdites auoyent jetté, et entortillé plusieurs de leurs bras à l’entour desdits rameaux : lors tout esmerueillé de la prouidence de Dieu, ie venois à contempler vne authorité, qui est en saint Matthieu, où le Seigneur dit, que les oiseaux mesmes ne tomberont point sans son vouloir, et ayant passé plus outre, i’apperceu certaines branches et gittes d’aubelon (houblon), lequel combien qu’il n’eust ny veuë, ny ouye, ny sentiment, ce neantmoins, Dieu luy a donné cognoissance de la debilité de sa nature, et le moyen de se soustenir, tellement que ie vis, que lesdites gittes dudit aubelon s’estoyent liees et entortillees plusieurs ensemble, et estans ainsi fortifiees et accompagnees l’vne de l’autre, elles se dilatoyent au long de certaines branches, pour se consolider encore toutes ensemble, et s’attacher auxdites branches : lorsque i’eu apperceu et contemplé vne telle chose, ie ne trouvay rien meilleur, que de s’employer en l’art d’agriculture, et de glorifier Dieu, et se recognoistre en ses merueilles : et ayans passé plus outre, i’apperceu certains arbres fruictiers, qu’il sembloit qu’ils eussent quelque cognoissance : car ils estoyent soigneux de garder leurs fruits, comme la femme son petit enfant, et entre les autres, i’apperceu la vigne, les concombres, et poupons (mélons, pepo), qui s’estoyent faits certaines fueilles, desquelles ils couuroyent leurs fruits, craignans que le chaud ne les endommageast, ie vis aussi les rosiers et gruseliers, qui à fin de defendre ceux qui voudroyent rauir leurs fruits, ils s’estoyent faits des armures et espines piquantes au deuant desdits fruits. I’apperceu aussi le froment, et autres bleds, ausquels le Souuerain auoit donné sapience de vestir leur fruit si excellemment, voire plus excellemment, que Salomon ne fut oncques si iustement vestu auec toute sa sapience. Ie consideray aussi, que le Souuerain auoit donné au chas-