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Page:Palissy - Oeuvres complètes (P. A. Cap, 1844).djvu/141

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les astres, et que par moy les temps et saisons sont cogneuës aux hommes, fertilité ou stérilité ? et qu’est ceci à dire ? Me sçauroit-on nier, que ce que ie dis ne soit vray ? Et ainsi que i’entendis le bruit de leurs disputes, ie m’esueillay, et soudain m’en allay voir que c’estoit : dont soudain qu’ils m’eurent apperceu, ils me vont eslire iuge, pour iuger de leur different : lors ie leur dis, Ne vous abusez point, il ne vous appartient ny honneur, ni aucune preeminence : l’honneur appartient à l’homme, qui vous a formez. Parquoy, il faut que vous luy seruiez et l’honoriez. Comment, dirent-ils, à l’homme, et faut-il que nous obeyssions et seruions à l’homme qui est si meschant et plein de folie ? lors ie voulus excuser l’homme, en disant, qu’il n’estoit pas ainsi : ils s’escrierent tous, en disant, Permettez nous mesurer la teste de l’homme, et vous seruez de nous en cest affaire, et vous cognoistrez, que l’homme n’a aucune ligne directe, ni mesure certaine en toutes ses parties, quelque chose que Victruue, et Sebastiane et autres Architectes ayent sçeu dire, et monstrer par leurs figures. Quoy voyant, il me print enuie de mesurer la teste d’vn homme, pour sçauoir directement ses mesures, et me sembla, que la sauterelle, la reigle, et le compas me seroient fort propres pour cest affaire : mais quoy qu’il en soit, ie n’y sceu iamais trouuer vne mesure asseuree, parce que les folies qui estoient en ladite teste luy faisoient changer ses mesures. Adonc ie fus confus, parce que ie trouuois ladite teste tantost d’une sorte, et tantost d’vne autre, et combien qu’aucunes fois il y eust quelque apparence de lignes directes, ainsi que i’apprestois mes outils pour les figurer, soudain, et en vn moment, ie trouuois que les lignes directes s’estoient rendus obliques, dont ie fus fort estonné, voyant qu’il n’y auoit aucune ligne directe en la teste de l’homme, à cause que sa folie les faisoit toutes fleschir, et les rendoit obliques. Lors ie voulus sçauoir, quelles especes de folies estoyent en l’homme, qui le rendoit ainsi difforme, et mal proportionné : mais ne le pouuant sçauoir ni cognoistre par l’art de Geometrie, ie m’auisay de l’examiner par vne Philosophie Alchimistale, qui fut le moyen, que ie vins soudain eriger plusieurs fourneaux propres à cest affaire : les vns pour putrefier, les autres pour calciner, aucuns autres pour examiner, et aucuns pour sublimer, et d’autres pour distiller. Quoy faict, ie prins