Aller au contenu

Page:Palissy - Oeuvres complètes (P. A. Cap, 1844).djvu/147

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
99

L’Histoire.

Apres que i’eu apperceu les folies et malices des hommes, et consideré les horribles esmotions et guerres, qui ont esté cette annee par tout le Royaume de France, ie pensay en moy-mesme de faire le dessein de quelque Ville ou Cité de refuge, pour se retirer és temps des guerres et troubles, à fin d’obuier à la malice de plusieurs horribles et insensez saccageurs, ausquels i’ay par cy deuant veu executer leurs rages furieuses, contre vne grande multitude de familles, sans auoir esgard à la cause iuste ou iniuste, et mesme sans aucune commission ne mandement.

Demande.

II semble à t’ouyr parler, que tu ne t’asseures pas de la paix qu’il a pleu à Dieu nous enuoyer, et que tu as encore quelque crainte d’vne esmotion populaire.

Responce.

Ie prie à Dieu, qu’il luy plaise nous donner sa paix, mais si lu auois veu les horribles desbordemens des hommes, que i’ay veu durant ces troubles, tu n’as cheueux en la teste, qui n’eussent tremblé, craignant de tomber à la mercy de la malice des hommes. Et celuy qui n’a veu ces choses, il ne sçauroit iamais penser, combien la guerre est grande et horrible. Ie ne m’esmerueille pas, si le Prophete Dauid aima mieux eslire la peste, que non pas la famine et la guerre, en disant, que s’il auoit la peste, il seroit à la mercy de Dieu, mais qu’en la guerre, il seroit à la mercy des hommes, qui fut la cause, que Dieu estendit ses verges seulement sur son peuple, et non pas sur luy, parce qu’il estoit submis sous sa misericorde, et auoit directement confessé sa faute. Voila pourquoy ie te puis asseurer, que c’est vne chose horriblement à craindre, que de tomber sous la mercy des hommes pernicieux et meschans.

Demande.

Ie te prie, me dire comment aduint ce divorce en ce pays de Xaintonge : car il me semble, qu’il seroit bon de le mettre par escrit, à fin qu’il en demeurast vne perpetuelle memoire, pour seruir à ceux qui viendront apres nous.

Responce.

Tu sais qu’il y aura plusieurs historiens, qui s’employeront à cest affaire, toutesfois pour mieux descrire la verité, ie trouuerois bon, qu’en chacune Ville, il y eust personnes deputees,