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Page:Palissy - Oeuvres complètes (P. A. Cap, 1844).djvu/155

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qui ne fera point de fruit, sera coupé et ietté au feu : aussi il lisoit vne autre authorité prise au Deuteronome, là où il est dit, Vous annoncerez ma Loy en allant, en venant, en buuant, en mangeant, en vous couchant, en vous leuant, et estant assis en la voye : il leur proposoit aussi la similitude des talens, et vn grand nombre de telles authoritez, et ce faisoit-il tendant à deux bonnes fins, la premiere estoit, pour monstrer qu’il appartient à toutes gens de parler des statuts et ordonnances de Dieu, et à fin qu’on ne mesprisast sa doctrine, à cause de son abiection : la seconde fin, estoit à fin d’inciter certains auditeurs, de faire le semblable : car en ceste mesme heure, ils conuindrent ensemble, que six d’entr’eux exhorteroyent par hebdomade, sauoir est, vn chacun de six en six semaines, les Dimanches seulement. Et parce qu’ils entreprenoyent vn affaire, auquel ils n’auoyent jamais été instruits, il fut dit, qu’ils mettroyent leurs exhortations par escrit, et les liroyent deuant l’assemblee : or toutes ces choses furent faites par le bon exemple, conseil et doctrine de maistre Philebert Hamelin. Voila le commencement de l’Eglise reformee de la ville de Xaintes. Ie m’asseure, qu’il y a eu au commencement telle assemblee, que le nombre n’estoit que de cinq seulement, et pendant que l’Eglise estoit ainsi petite, et que ledit maistre Philebert estoit en prison, il arriua en ceste Ville vn Ministre nommé de la Place, lequel auoit esté enuoyé, pour aller prescher en Alleuert : mais ce mesme iour, le Procureur dudit Alleuert se trouua en ceste Ville, qui certifia, qu’il y seroit fort mal venu, à cause de ce Baptesme, que maistre Philebert auoit fait, parce qu’on auoit condamné plusieurs assistans à fort grandes amendes, qui fut le moyen, que nous priasmes ledit de la Place, de nous administrer la Parole de Dieu, et fut receu pour nostre Ministre, et demeura iusques à ce que nous eusmes Monsieur de la Boissiere, qui est celuy que nous auons encore à present : mais c’estoit vne chose pitoyable, car nous auions bon vouloir, mais le pouuoir d’entretenir les Ministres n’y estoit pas, veu que de la Place pendant le temps que nous l’eusmes, il fut entretenu vne partie aux despens des Gentilshommes, qui l’appeloyent souuent, mais craignans que cela ne fust le moyen de corrompre nos ministres, on conseilla à Monsieur de la Boissiere de ne partir de la Ville sans congé, pour seruir à la noblesse, veu qu’aussi il y eut vrgent affaire. Par tel