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Page:Palissy - Oeuvres complètes (P. A. Cap, 1844).djvu/190

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DES EAUX

aspics et viperes se tiennent pres desdites claunes : affin de se repaistre desdites grenouilles. Il y a aussi communement des sangsues, que si les bœufs ou vaches demeurent quelque temps dedans les dites mares, ils ne faudront d’estre piquez par les sangsues. I’ay veu plusieurs fois des aspics et serpens, couchez et entortillez au fond des eaux desdites mares : parquoy ie dis que lesdites eaux ainsi aërees et eschauffees ne peuuent estre bonnes ; et bien souuent il meurt des bœufs, vaches et autre bestail, qui peuuent avoir prins leurs maladies és abreuuoirs ainsi infectez. Si les hommes qui verront les enseignemens que ie donneray cy apres, me vouloyent croire, ils auroyent tousiours des eaux pures et nettes, tant pour eux que pour leurs bestes.

Theorique.

Que veux tu dire des mares qui sont plus basses, desquelles on se sert en plusieurs endroits de la Normandie et autre pays, pour le seruice de la maison ?

Practique.

Que veux tu que ie te die, sinon que c’est une eau croupie ; mais d’autant qu’elle est plus froide, elle ne peut produire aucun animal, d’autant qu’il ne se fait iamais de generation, tant des choses animees, que des vegetatiues sans qu’il y ait vne humeur eschauffee. Mais si au dessus desdites eaux et mares il y a seulement du limon verd, c’est un signe de putrefaction et commencement de generation de quelque chose : et plus y apparoist et s’y engendre de putrefaction, et plus l’vsage en est pernicieux.

Theorique.

Di moy qu’il te semble des cisternes que nos predecesseurs ont eu en vsage, comme nous voyons tant par leurs vestiges que par tesmoignage des escritures.

Practique.

Les eaux des cisternes prouiennent des pluyes, comme celles des claunes : mais d’autant qu’elles sont closes, fermees, bien maçonnees, et au dessouz pauees, il ne peut estre qu’elles ne soyent sans comparaison meilleures que celles des mares : à cause qu’elles ne peuuent rien produire, pour leur froidure et le peu d’air qu’elles ont : toutesfois toutes ces eaux ne sont point naturellement bonnes, comme celles que i’ay entrepris te monstrer cy apres. Ie me tairay donc à présent de