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Page:Palissy - Oeuvres complètes (P. A. Cap, 1844).djvu/197

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ET FONTAINES.

au parauant qu’il soit congelé. Et tout ainsi comme les eaux sousternees apportent auec elles quelques especes de sels par où elles passent, semblablement si elles treuuent des huiles elles les ameneront auec elles, et en beuuant telles eaux nous beuuons souuent et de l’huile et du sel. N’as-tu pas leu quelques historiens, qui disent qu’il y a vn fleuue et quelques fontaines d’où il sort grande quantité de bitumen, lequel est recueilli par les habitans du pays, lesquels en font grand trafic, le faisant transporter en pays estranges ? Et pour l’asseurance et tesmoignage de ce que i’ay dit, que les huiles et sels peuuent rendre les eaux mauuaises et pernicieuses : ceux qui ont escrit des fontaines et des fleuues, rendent tesmoignage que telles eaux sont pernicieuses, et que mesme les oyseaux meurent de la senteur d’icelles. Les sources qui passent au trauers des mines des terres argilleuses, ne peuuent qu’elles n’amenent quelque salsitude mauuaise : d’autant qu’il se treuue bien peu de terre argileuse, où il n’y ait quelques marcassites sulphurees et commencement de metaux : aussi qu’il y a bien peu de terres argilleuses, qui ne soyent de diuerses couleurs, comme de blanc, rouge, iaune, noir, ou gris, entremeslees des couleurs susdites, lesquelles couleurs sont causees par les mineraux sulphurez qui sont dedans icelle : comme nous sçauons à la verité, que le fer, le plomb, l’argent, l’anthimoine, et plusieurs autres mineraux ont en eux vne teinture iaune, dont les terres iaunes ont pris leur couleur. Voyla donc vn tesmoignage inexpugnable que les eaux qui passent par les terres argilleuses amenent auec elles du sel semblable à celuy qui est esdites terres : lesquelles terres ne pourroyent iamais s’endurcir, cuire, colliger ny se fixer si ce n’estoit la vertu du sel, qui est esdites terres, et par le moyen dudit sel elles sont bonnes à faire briques, tuilles et toutes especes de vaisseaux pour le seruice de l’homme, comme ie donneray plus clairement à entendre parlant des terres argilleuses et des pierres : et feray fin au propos de la bonté ou malice des eaux, si ce que i’en ay dit t’a suffisamment contenté.

Theorique.

Ie me contente plus que suffisamment de ce que tu m’en as discouru : toutesfois iusques icy ie n’ay rien entendu de toy de la cause des eaux chaudes, qui sont en plusieurs pays, et