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Page:Palissy - Oeuvres complètes (P. A. Cap, 1844).djvu/204

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DES EAUX

cendres du souphre et du charbon de terre. Et encores que les eaux ne peussent estre salees par les moyens que ie dis (ce qui ne peut estre autrement) encores seroyent elles salees du sel qui degoutte continuellement auec les eaux qui passent au trauers des terres pour se rendre iusques au lieu là où lesdits feux sont allumez. Il faut donc conclure que dedans lesdites eaux chaudes, il y peut auoir plusieurs et diuerses especes de sels tout en vn mesme temps : ie dis et sel commun, sel de vitriol, sel d’alun, et de coperoze, et de toutes especes de mineraux. Et outre ce que ie dis il y peut auoir plusieurs especes de sels, qui seront entremeslez auec du sable ou caillous, en telle sorte que la violence du feu les aura contrains se vitrifier : comme ainsi soit que cela soit aduenu par accident à ceux qui premierement ont inuenté le verre. Aucuns disent que les enfans d’Israël ayant mis le feu en quelque boys, le feu fut si grand qu’il eschauffa le nitre auec le sable iusques à le faire couler et distiler le long des montagnes, et que deslors on chercha l’inuention de faire artificiellement ce qui auoit esté fait par accident, pour faire les verres. Autres disent que l’exemple fut pris sur le riuage de la mer, là où quelques pirates estoyent descendus à bord, et voulant faire bouillir leur marmitte, et n’ayans aucuns chenets ou landiers, prindrent des pierres de nitre, sur lesquelles ils mirent des grosses buches, et grande quantité de bois, qui causa vn si grand feu, que lesdites pierres se vindrent à liquifier, et estant liquifiees, descoulerent sur le sablon ; qui fut cause que ledit sablon estant entremeslé auec le nitre fut vitrifié comme le nitre, et le tout fit vne matiere diaphane et vitreuse. Aussi ie te di, qui pourroit voir le lieu où les feux sont allumez dessouz les terres et montagnes, que l’on trouueroit plusieurs matieres vitrifiees de diuerses couleurs. Aussi trouueroit on or et argent fondu, et autres metaux et mineraux ; car tout ainsi que i’ay dit vne autrefois, que l’exterieur de la terre est tout plein de plantes diuerses, aussi l’interieur se trauaille iournellement à produire choses diuerses, et par ce que i’ai dit cy dessus, que les feux qui sont enclos soubs la terre ne peuuent engendrer tremblement, sinon quand ils ne peuuent aspirer, et que l’haleine est reserree. Pour tesmoignage de mon dire i’ay esté adverti par plusieurs dignes de foy, que aux lieux où il y a de terres sulphurees, l’on voit de nuit vn