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Page:Palissy - Oeuvres complètes (P. A. Cap, 1844).djvu/23

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XV

cette époque que, devenu maître de son art, il donna à ses ouvrages tous les développements, toute la perfection que lui inspirèrent son goût et son génie. On sait quels efforts avait faits François Ier, pour naturaliser en France les arts de l’Italie qui, dès le siècle précédent, s’étaient élevés à une si prodigieuse hauteur. L’école française avait répondu par de nobles efforts à l’appel, aux encouragements de son souverain. Jean Goujon, Pierre Lescot, Germain Pilon, Cousin, Bullant, Ducerceau et une foule d’autres s’étaient montrés les dignes élèves, puis les heureux émules de Léonard de Vinci, de Fra Jocondo, d’André del Sarto, de Primaticcio, de Cellini et des différents maîtres qui s’étaient succédé en France, sous le patronage de ce monarque ami des arts. Palissy, né dans une province éloignée, n’avait point été élevé à cette grande école, qu’il ne put connaître qu’à l’époque de ses voyages. Mais dès qu’il fut à portée d’en apprécier l’heureuse direction, il se rangea aussitôt parmi les disciples de ces illustres maîtres : aussi remarque-t-on qu’il s’inspira partout des chefs-d’œuvre de l’art italien, et retrouve-t-on dans la plupart de ses ouvrages l’élégance, la pureté des formes et la richesse des ornements qui caractérisent ceux du Primatice, du Rosso et surtout de Benvenuto Cellini. Les plus importants de ces ouvrages, ou du moins ceux de la plus grande dimension, servaient à la décoration des jardins, des pièces d’eau, des grottes, des fontaines, ou à l’ornement des habitations somptueuses. C’est à ceux-là surtout que Palissy donnait le nom de rustiques figulines, parce qu’ils représentaient des objets rustiques, des rochers, des grottes, des arbres, des animaux et quelquefois des personnages ; le tout en relief ou en ronde-bosse et recouvert d’un émail coloré. Il reste à peine aujourd’hui quelques traces des pièces de cette classe. Elles ornaient dans le temps les châteaux de Chaulnes[1] et de Nesle en Picardie, de Reux en Norman-

  1. Le parc de Chaulnes avait été exécuté sur un plan analogue à celui que Palissy avait décrit dans son premier ouvrage, sous le nom de jardin